Disparition : Jean-Marie Pelt, écologue humaniste

Infatigable pédagogue, amoureux des plantes, l’érudit a œuvré toute sa vie à la réconciliation des humains avec la nature.

Patrick Piro  • 6 janvier 2016 abonné·es
Disparition : Jean-Marie Pelt, écologue humaniste
© Photo : VERHAEGEN/AFP

Il plissait les yeux derrière ses lunettes, et sa grosse figure ronde s’illuminait d’un sourire bonhomme. Puis, inlassable conteur d’histoires de fleurs, d’abeilles et de paysans, il reprenait son débit, colporteur de recettes de pharmacopées naturelles et des petits enchantements du monde végétal, sa seconde peau. Grande figure de l’écologie, Jean-Marie Pelt s’est éteint le 23 décembre à 82 ans. Du botaniste s’était dégagée, au fil des années, une personnalité singulière, bienveillante et critique. Catholique fervent, pourfendeur des dérives de la technologie, il refusait que la rigueur de sa démarche scientifique s’efface devant sa foi et son militantisme. S’il avait recherché une cohérence personnelle entre l’interprétation de la Bible et le darwinisme, il rejetait avec force toute collusion avec la pensée créationniste. Et son engagement précoce contre les OGM, l’agriculture industrielle, les pesticides ou le nucléaire, soupçonné par des voix scientistes d’être le reflet de ses convictions religieuses, a depuis été rallié par de nombreux chercheurs.

Jean-Marie Pelt recherchait les voies d’une réconciliation de l’homme avec la nature. Elle traverse ses très nombreux ouvrages (une soixantaine !), où l’alerte est contrebalancée par des manifestations d’optimisme. Il avait mis ses préceptes en application dans la ville de Metz, où il est identifié comme l’un des précurseurs de l’écologie urbaine, fondateur dès 1971 de l’Institut européen d’écologie. Le maire rend hommage à cette « figure étincelante », « penseur visionnaire » qui avait fait de la commune « le laboratoire d’une ville-jardin plus juste et plus harmonieuse ». Il en a été maire adjoint de 1971 à 1983, sous le règne du divers-droite Jean-Marie Rausch. Plus écologue qu’écologiste, Jean-Marie Pelt n’aimait guère les Verts, trop idéologues à son goût. Il était proche du biologiste Gilles-Éric Séralini, grand pourfendeur des OGM et des pesticides, ainsi que de Corinne Lepage, présidente du parti LRC-Cap 21 (centre droit). Soucieux de pédagogie, Jean-Marie Pelt intervenait régulièrement sur les ondes pour vulgariser son savoir. Sa voix était devenue familière à de nombreux auditeurs par les chroniques qu’il livrait à « CO2 mon amour » sur France Inter.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

D’eau et de colère
Portfolio 24 juillet 2024 abonné·es

D’eau et de colère

Les 19 et 20 juillet, les militants des Soulèvements de la Terre ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire sur les mégabassines. Reportage photo.
Par Maxime Sirvins
Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition
Portrait 24 juillet 2024 abonné·es

Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition

Sur le plus long fleuve de France, ils ne sont plus qu’une soixantaine à exercer leur métier. Une activité qui fait figure d’artisanat en comparaison de la pêche en mer. Rencontre avec un passionné attentif à son environnement.
Par Mathilde Doiezie
De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan
Reportage 22 juillet 2024

De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan

Au cours d’une semaine de mobilisation contre les mégabassines, des milliers manifestants se sont rassemblés dans les Deux-Sèvres à l’appel des Soulèvements de la terre et de Bassines Non Merci. Les 19 et 20 juillet, les militants ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire. Récit et photos.
Par Maxime Sirvins
Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines
Reportage 15 juillet 2024 abonné·es

Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines

L’établissement des Deux-Sèvres voit mûrir au sein de son BTS gestion et protection de la nature une nouvelle génération d’activistes contre l’accaparement de l’eau. Ses élèves aux parcours sinueux trouvent dans ce terroir et son activité militante le déclic d’un engagement durable.
Par Sylvain Lapoix