Ministre de la Justice ? On en ressort rincé !

Avec « la Parole est au garde des Sceaux », diffusé ce dimanche sur France 5, Joseph Beauregard livre un récit original et un regard sur la Chancellerie, par ceux qui l‘ont occupée. De Robert Badinter à Christiane Taubira. Un film qui résonne étrangement avec l’actualité.

Jean-Claude Renard  • 30 janvier 2016
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Ministre de la Justice ? On en ressort rincé !

« On ne peut en sortir que les pieds devant. » La formule est de Jacques Toubon, à propos de la fonction de ministre de la Justice. Hasard du calendrier, relatant trois décennies de la place Vendôme, ce documentaire de Joseph Beauregard est diffusé quelques jours après la démission de Christiane Taubira. Documentaire ambitieux et passionnant qu’on peut donc regarder à l’aune de cette démission. Passionnant, parce que la Parole est au garde des Sceaux, en deux volets, produit par l’INA, réunit une brochette spectaculaire de ministres. De Mitterrand à François Hollande, dix-sept ministres ont occupé la fonction. Ils sont quatorze à passer face caméra. Trois sont absents. Michel Faure, Michel Crépeau sont décédés, Pierre Arpaillange – né en 1924 – est trop affaibli. Se succèdent et se croisent alors Robert Badinter, Albin Chalandon, Henri Nallet, Michel Vauzelle, Pierre Méhaignerie, Jacques Toubon, Elisabeth Guigou, Marilyse Lebranchu, Dominique Perben, Pascal Clément, Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie, Michel Mercier, et enfin donc Christiane Taubira. On y distingue les alternances politiques, les cohabitations forcées. Certains ont laissé des traces, d’autres pas. L’histoire a déjà tranché.

Mais tous ici racontent leur expérience à la Chancellerie, au cœur de l’appareil d’Etat, et leur rapport à la justice. L’exercice du pouvoir, l’univers carcéral, la politique pénale, l’opposition entre la notion liberté individuelle et la sécurité, c’est-à-dire entre la Justice et l’Intérieur, Beauvau s’efforçant de faire de la place Vendôme un sous ministère à sa botte. C’était déjà le cas entre Deferre et Badinter. Ça le sera entre Jean-Louis Debré et Toubon, ça l’a été, entre Valls et Christiane Taubira. A chaque fois, on observera que les arbitrages sont rarement en faveur du garde des Sceaux… Un garde des sceaux qui n’est pas non plus épargné par les affaires, principale thématique du second volet, nourri de nombreuses archives. En effet, quel ministre n’a pas été confronté aux crises et aux pièges, aux conflits à gérer, à un scandale politico-financier à négocier. Tout en martelant l’indépendance de la justice. De quoi, en effet, sortir de la Chancellerie, sans avoir « achevé son œuvre », selon une Christiane Taubira visionnaire, sinon, « les pieds devant ».

La Parole est au garde des Sceaux (2×52’), Joseph Beauregard, dimanche 31 janvier, à 22 h 25, sur France 5, première partie. Seconde partie, dimanche 7 février, à 22 h 25 (même chaîne). A voir également, sur le site de France TV Education, différentes pastilles autour de la fonction de ministre de la Justice, nourries d’entretiens (ici).

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Temps de lecture : 2 minutes
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