Baisse du chômage, hausse de la précarité

Michel Soudais  • 28 avril 2016
Partager :
Baisse du chômage, hausse de la précarité
© Photo: PHILIPPE HUGUEN / AFP

Le gouvernement tient enfin un motif de satisfaction. Les chiffres du nombre de chômeurs pour le mois de mars, marqués par une importante baisse des demandeurs d’emploi de catégorie A, est à ses yeux la preuve que François Hollande était fondé à dire, le 14 avril sur France 2 que « la France va mieux ». L’examen des données publiées par la Dares, Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, révèle une réalité bien moins rose.

Certes, avec 3.531.000 chômeurs recensés en France métropolitaine en catégorie A, le recul du nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité est significatif : -60.000 personnes (-1,7% sur un mois), cela ne s’était pas vu depuis septembre 2000. Sur trois mois, leur nombre a également diminué de 49.500 (-1,4%), note Myriam El Khomri qui souligne qu’il s’agit de la première baisse trimestrielle significative depuis le dernier épisode de reprise de 2010/2011.

Toutefois, sur un an, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a augmenté de 0,5% en métropole. Avec ceux ayant exercé une petite activité, Pôle emploi recensait fin mars 5,45 millions d’inscrits (-8.700) en métropole et 5,75 millions en incluant l’outre-mer.

Mais, surtout, le nombre de demandeurs d’emploi dans les catégories B et C continue d’augmenter : +51.300 personnes en mars 2016 (soit +2,7% sur un mois, +1,3% sur trois mois et +8,0% sur un an).

La Dares recense 13.800 demandeurs d’emploi supplémentaires ayant travaillé 78 heures ou moins dans le mois (catégorie B), soit +2,0% sur un mois, +0,8% sur trois mois et +4,8% sur un an ; 720.200 personnes étaient, fin mars, dans cette situation. Pour la catégorie C (plus de 78 heures travaillées dans le mois), ce nombre augmente de 37.500 personnes sur un mois, soit +3,2% sur un mois, +1,7% sur trois mois et +10,0% sur un an, et s’établit à 1.202.900.

Ces chiffres indiquent que les embauches se font principalement dans des emplois précaires (temps partiel, intérim, CDD…). Les demandeurs d’emploi « sont peut-être allés sur d’autres catégories en exerçant des contrats à temps plus partiel », a concédé Myriam El Khomri sur France 2. Ce qui relativise beaucoup la « baisse du chômage » chantée depuis mardi soir.

LIRE > La France va-t-elle mieux ?

Travail Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »
La Midinale 12 septembre 2025

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »

Safia Dahani, docteure en science politique, co-directrice de l’ouvrage Sociologie politique du Rassemblement national aux Presses universitaires du Septentrion, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre
Décryptage 11 septembre 2025 abonné·es

Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre

Plus de 200 000 personnes se sont mobilisées ce 10 septembre. Des chiffres qui dépassent largement les estimations du gouvernement, même si cela reste peu en comparaison de la lutte contre les retraites. Un tremplin vers la mobilisation intersyndicale du 18 septembre ?
Par Pierre Jequier-Zalc
« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »
Entretien 11 septembre 2025

« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »

Historienne et spécialiste des mouvements sociaux et des mobilisations féministes, Fanny Gallot appelle à « désandrocentrer » le travail pour appréhender la diversité du secteur reproductif, aujourd’hui en crise.
Par Hugo Boursier
10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »
Analyse 11 septembre 2025 abonné·es

10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »

Le 10 septembre devait rassembler tout le monde. Pourtant, les jeunes des quartiers populaires étaient peu représentés. Absents ou oubliés ? Dans les rassemblements, au sein des associations et pour les jeunes eux-mêmes, la question s’est posée.
Par Kamélia Ouaïssa et Pauline Migevant