2016, l’An de grâce des nationalistes corses
Avec la victoire des indépendantistes et des autonomistes unis aux élections territoriales de décembre dernier, la donne politique insulaire a changé, mais les résistances de Paris demeurent fortes.
dans l’hebdo N° 1402 Acheter ce numéro

Le 19 janvier, un mois après l’arrivée des élus nationalistes à la tête de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), l’extension de domaine sur Internet « puntu corsica », ou « .corsica », devient disponible pour les sites Web ou adresses mail d’entreprises, d’institutions, d’associations ou de particuliers, qui peuvent ainsi remplacer leur « .fr » ou « .com ».
Après la Ville de Paris (« .paris ») mais aussi la Région Bretagne (« .bzh »), cette innovation, certes décidée sous la précédente mandature, connaît un certain engouement, puisqu’on compte déjà près de 800 adresses adoptées. Parmi elles, l’université de Corte, les clubs de foot de Bastia et d’Ajaccio et les brasseries Pietra, l’omniprésente bière locale. Ou quand -l’exigence de -communication et de modernité ne semble plus contradictoire avec la mise en avant d’identité et de fierté insulaires.
Depuis l’annonce, en juin 2014, par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) de sa décision unilatérale de déposer les armes, la société corse est entrée dans une nouvelle phase. La violence politique était sans doute devenue de moins en moins acceptable par une grande part d’une population aspirant à la paix, quels que soient les éléments objectifs qui ont longtemps motivé la lutte armée. Le FLNC a d’ailleurs été l’un des derniers à prendre cette décision parmi les mouvements armés européens en lutte pour une cause similaire, après les Basques de l’ETA, en 2011, ou les Irlandais de l’IRA, engagés depuis 1998 dans un processus de paix qui fait figure de modèle de résolution d’un conflit de ce type. En outre, le FLNC connaissait depuis de longues années d’importantes divisions internes, jusqu’à une guerre fratricide sanglante et des dérives mafieuses chez certains.
Par ailleurs, ces dernières années, un nombre croissant de revendications nationalistes ont pénétré en