Faut-il boycotter Israël ?

Face aux obstructions au processus de paix et au mépris du droit, la campagne BDS apparaît comme une alternative à la violence, une arme pacifique.

Denis Sieffert  • 11 mai 2016
Partager :
Faut-il boycotter Israël ?
© THOMAS COEX/AFP

C’est peu dire que le conflit israélo-palestinien agit comme un poison dans nos sociétés. Par sa durée, par sa portée symbolique dans le monde arabe, par la mauvaise foi des Occidentaux, par le recours systématique à la force de ceux qui en disposent, par le mépris du droit, ce conflit engendre toutes les exaspérations. Quiconque est sincèrement désireux d’apaiser les tensions du monde devrait donc rechercher une solution qui donne droit aux Palestiniens à un État souverain, dans les frontières de 1967. Depuis le plan « Rogers », en 1969, jusqu’à la timide tentative du secrétaire d’État américain, John Kerry, en avril 2014, en passant par les accords d’Oslo torpillés cyniquement par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, combien de plans ont échoué ? Ils ont échoué parce que la décolonisation des territoires palestiniens n’a jamais été posée – sauf par les Palestiniens eux-mêmes – comme une condition incontournable à la résolution du conflit, et parce que ni les États-Unis ni les Européens n’ont voulu exercer la moindre pression sur Israël. Dernier exemple : le rejet, le 4 mai, par Netanyahou du plan de paix initié par la France. Torpillé avant même sa première phase, prévue pour le 30 mai. Que reste-t-il dans ces conditions ? La violence ? Les coups de couteau de jeunes gens désespérés ? La montée, du côté palestinien, d’un extrémisme qui fera bientôt passer le Hamas pour une organisation modérée ? Face à cette obstruction, la campagne lancée en 2005 par des ONG palestiniennes pour le boycott des produits israéliens, le désinvestissement des firmes internationales et des sanctions économiques (BDS) est sans aucun doute l’arme ultime. Une arme pacifique. Ce qui n’est pas rien dans cette région du monde. Que ceux qui, en France, tentent de l’interdire, disent ce qu’ils proposent de mieux !

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne
Monde 20 novembre 2025 abonné·es

Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne

Cinquante ans après la mort du dictateur, l’ancien roi Juan Carlos publie un livre de mémoires qui ravive les polémiques. Alors que le parti d’extrême droite Vox progresse, le pays oscille entre les conquêtes démocratiques d’une société transformée et les persistances d’un héritage franquiste.
Par Pablo Castaño
Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche
Analyse 19 novembre 2025 abonné·es

Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche

Devant la menace russe, l’instabilité américaine et la montée des tensions géopolitiques, quelle attitude adopter ? Entre pacifisme historique, tentation souverainiste et réorientation stratégique, le PS, les Écologistes, LFI et le PCF peinent à trouver une ligne commune.
Par Denis Sieffert
Vue d’Ukraine, l’« abstraction morale » de la gauche
Décryptage 19 novembre 2025 abonné·es

Vue d’Ukraine, l’« abstraction morale » de la gauche

Des militants ukrainiens appellent les partis européens aux valeurs pacifistes et antimilitaristes à se saisir des questions de défense, pour permettre à leur pays de continuer à résister à l’invasion russe, et pour les sociétés occidentales elles-mêmes.
Par Pauline Migevant
Le dilemme du retour des réfugiés syriens
Récit 19 novembre 2025 abonné·es

Le dilemme du retour des réfugiés syriens

Depuis la chute du régime Assad le 8 décembre dernier, plus de 300 000 Syriens sont rentrés chez eux après des années d’exil forcé et douloureux. Partagés entre l’espoir et la méfiance, les Syriens réfugiés en France s’interrogent.
Par Céline Martelet et Bushra Alzoubi