Israël-Palestine : Quand Valls désavoue Hollande

L’épisode est extravagant, et qui plus est sur un dossier de politique étrangère.

Denis Sieffert  • 18 mai 2016
Partager :
Israël-Palestine : Quand Valls désavoue Hollande
© PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

L’épisode est extravagant. Un Premier ministre qui désavoue le Président, et qui plus est sur un dossier de politique étrangère, et un Président qui, finalement, s’incline, c’est sans précédent. Voilà pourtant ce qui vient d’arriver après l’adoption, le 16 avril, d’une résolution de l’Unesco, votée par la France, protestant contre des travaux entamés par Israël dans la vieille ville de Jérusalem, et l’inscription des Tombeaux des Patriarches au « patrimoine national israélien ». La résolution demandait tout simplement le statu quo dans l’administration des lieux saints de Jérusalem, à la fois juifs et musulmans, et des Tombeaux où se croisent les trois monothéismes. Mais la machine à propagande israélienne s’est immédiatement mise en branle : courrier indigné du Crif à François Hollande, et surenchère du député UDI Meyer Habib, proche de Netanyahou, qui parle de « résolution négationniste » et même de « judenrei » (en allemand : « vide de juifs »), terme couramment utilisé par les nazis… Le grand rabbin de France et le député Claude Goasguen donnent également de la voix. Le 6 mai, François Hollande réaffirme, dans une réponse adressée au président du Crif, l’attachement de la France au statu quo. On aurait pu, on aurait dû, en rester là. Mais, le même jour, voilà que, devant les Amis du Crif, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, craque, affirmant qu’il « ne fallait pas adopter cette résolution ». Plus grave encore : le 11 mai, c’est Manuel Valls qui déclare, en séance publique à l’Assemblée, que « ce vote n’aurait pas dû avoir lieu ». Et que croyez-vous qu’il arriva ? C’est François Hollande qui céda… Le 17 mai sur Europe 1, il a fini par juger « fâcheux » le vote de la résolution.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »
Entretien 20 novembre 2025 abonné·es

« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »

Secrétaire d’État chargé de la mémoire démocratique, un portefeuille créé en 2020, Fernando Martínez López alerte sur les appétits dictatoriaux du parti d’extrême droite Vox et milite pour la connaissance des luttes en matière de droits fondamentaux.
Par Pablo Castaño
Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne
Monde 20 novembre 2025 abonné·es

Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne

Cinquante ans après la mort du dictateur, l’ancien roi Juan Carlos publie un livre de mémoires qui ravive les polémiques. Alors que le parti d’extrême droite Vox progresse, le pays oscille entre les conquêtes démocratiques d’une société transformée et les persistances d’un héritage franquiste.
Par Pablo Castaño
Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche
Analyse 19 novembre 2025 abonné·es

Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche

Devant la menace russe, l’instabilité américaine et la montée des tensions géopolitiques, quelle attitude adopter ? Entre pacifisme historique, tentation souverainiste et réorientation stratégique, le PS, les Écologistes, LFI et le PCF peinent à trouver une ligne commune.
Par Denis Sieffert
Vue d’Ukraine, l’« abstraction morale » de la gauche
Décryptage 19 novembre 2025 abonné·es

Vue d’Ukraine, l’« abstraction morale » de la gauche

Des militants ukrainiens appellent les partis européens aux valeurs pacifistes et antimilitaristes à se saisir des questions de défense, pour permettre à leur pays de continuer à résister à l’invasion russe, et pour les sociétés occidentales elles-mêmes.
Par Pauline Migevant