La Grèce devra encore payer

Les ministres des Finances européens envisagent enfin l’allégement de la dette.

Erwan Manac'h  • 11 mai 2016 abonné·es
La Grèce devra encore payer
© Fotis Plegas G./SOOC/AFP

Les ministres des Finances européens ont enfin esquissé le début du commencement d’une discussion sur le cœur du problème grec, ce lundi 9 mai : l’allégement de la dette. Mais il a fallu, la veille, qu’Alexis Tsipras force la main de sa majorité en faisant adopter, sur fond de grève générale, un plafonnement des indemnités de retraite à 2 372 euros par mois et une hausse des impôts pour les hauts revenus, ainsi qu’une hausse d’impôt sur les petites entreprises.

Il espérait ainsi donner une teinte sociale à la politique d’austérité qui lui est imposée et reprendre la main, au moins en apparence, face à la tutelle de ses créanciers. L’objectif était surtout d’amadouer Bruxelles et le FMI pour les forcer à délivrer la tranche de crédit promise en juillet et à ouvrir des discussions sur l’allégement de la dette, promesse faite à la Grèce depuis 2012 et jamais tenue.

Résultat : comme à chaque regain de tension sur ce dossier, les créanciers de la Grèce renvoient à plus tard les vraies discussions. Lundi, les ministres des Finances de l’Eurogroupe ont reporté au 24 mai leur décision sur la libération de la tranche de crédit dont la Grèce a besoin, après un premier report fin avril. Il faut dire que le temps joue en leur faveur : Athènes doit rembourser en juillet 2,3 milliards d’euros à la Banque centrale européenne. Les Grecs sont donc mis au pied du mur et doivent s’attendre à de nouvelles exigences de la part de leurs créanciers d’ici au 24 mai, malgré les énormes sacrifices qu’ils ont déjà consentis.

Difficile, donc, de se réjouir du début d’inflexion entrevu sur la question du rééchelonnement de la dette. D’autant que cette question n’est abordée que dans une perspective lointaine (pas avant la fin du plan actuel d’austérité, soit en 2018) et que les Grecs doivent encore et toujours « rassurer » leurs créanciers. En l’occurrence, Alexis Tsipras a dû présenter des mesures de coupe « automatique » des dépenses qui entreraient en vigueur dans le cas où l’objectif budgétaire fixé par ses créanciers ne serait pas atteint (budget en excédent primaire, avant paiement des intérêts de la dette, de 3,5 % en 2018). Il s’était jusqu’alors toujours refusé à ce type de mesure d’austérité « de secours », mais a été contraint de céder à cette exigence ubuesque du Fonds monétaire international, qui se montre le plus exigeant. Enfin, l’allégement de la dette grecque rencontre encore l’opposition de principe de l’Allemagne, qui reste déterminée, qu’elles que soient ses concessions, à faire payer les Grecs toujours plus.

Monde Économie
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