Amérique du Sud : « La gauche a réenchanté la politique »
Quoique masquées par la crise économique, les conquêtes progressistes du continent sud-américain sont indéniables, estime Olivier Compagnon.
dans l’hebdo N° 1408 Acheter ce numéro

Les difficultés que traverse -l’Amérique du Sud pourraient laisser conclure que le reflux de la vague rose signe un échec des politiques de gauche menées dans ces pays depuis quinze ans. Pourtant, au-delà du bilan économique, la pauvreté a souvent reculé significativement pendant cette période, les citoyens ont repris pied en politique, et certains gouvernements ont osé rouvrir les dossiers noirs des dictatures pour faire justice aux victimes.
Peut-on parler de conquêtes sociales en Amérique du Sud au cours des quinze dernières années ?
Olivier Compagnon : Certes, toute -l’Amérique du Sud est aujourd’hui soumise à un contexte international qui lui est défavorable. La croissance économique est en panne. Pour autant, est-il justifié d’attribuer l’essentiel du redressement amorcé par le continent dans les années 2000 à la seule conjoncture faste qui a permis le déversement de flots de devises sur ces pays ? Je ne le crois pas. J’en veux pour preuve l’étude comparative que j’ai réalisée entre le Chili et le Venezuela. Le premier, conduisant une politique très