Amérique du Sud : La gauche en panne

Depuis six mois, les gouvernements de gauche alignent les défaites en Amérique du Sud. Alors que début 2010, neuf pays du continent étaient dirigés par des exécutifs progressistes.

Patrick Piro  • 15 juin 2016
Partager :
Amérique du Sud : La gauche en panne
© Fabio Vieira/FotoRua/NurPhoto/AFP

À qui le tour ? Depuis six mois, les gouvernements de gauche alignent les défaites en Amérique du Sud. En novembre 2015, en Argentine, Mauricio Macri (centre droit) bat le candidat de la présidente sortante, Cristina Kirchner. Un mois plus tard, au Venezuela, Nicolás Maduro prend une claque, la première pour la gauche depuis l’accession d’Hugo Chávez au pouvoir en 1998 : l’opposition remporte 60 % des sièges de députés. En février dernier, première déconvenue dans les urnes pour Evo Morales depuis son arrivée à la tête de la Bolivie en 2005 : c’est « non » lors du référendum où il demandait le droit de modifier la Constitution pour briguer un quatrième mandat. En avril, la gauche est éliminée au premier tour de la présidentielle péruvienne. Et le 10 mai, au Brésil, Michel Temer (centre droit) chasse Dilma Rousseff. La présidente brésilienne est éloignée du pouvoir, au moins jusqu’à l’automne, à la suite d’un vote du Sénat validant la suspicion de « crime de responsabilité ». Un « coup d’État parlementaire », selon la gauche, qui met fin à quatorze ans de gouvernement pour le Parti des travailleurs depuis l’élection de Lula en 2002.

Début 2010, conjonction inédite, neuf pays du continent étaient dirigés par des exécutifs progressistes, une déferlante rose qualifiée de « deuxième indépendance » qui n’épargnait que la Colombie, le Guyana et le Suriname. Ces récents revers politiques annoncent-ils la « fin d’un cycle » ? S’il est hâtif de le prédire, il ne s’agit pas de péripéties coïncidentes pour autant. Après plus d’une décennie de vent dans le dos, les gauches latino-américaines sont confrontées à des défis nouveaux qui les obligent à interroger leurs erreurs.

Monde
Publié dans le dossier
Amérique du Sud : La gauche en panne
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »
Entretien 1 décembre 2025 abonné·es

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »

Alors que l’AfD vient de refonder son organisation de jeunesse à Gießen, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bloqué la ville pour tenter d’empêcher la tenue du rassemblement. Pour la germaniste et historienne Valérie Dubslaff, cette séquence s’inscrit dans la continuité des grandes mobilisations de 2024.
Par Maxime Sirvins
En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite
Reportage 1 décembre 2025

En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite

Près de 50 000 personnes venue de tout le pays se sont rassemblées ce week-end à Gießen pour empêcher le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) de reformer sa faction jeune, auto-dissoute huit mois plus tôt.
Par Camille Tribout
À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations
Monde 28 novembre 2025 abonné·es

À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations

Un an après la crue meurtrière d’octobre 2024, les habitants de Paiporta sont amers de la gestion de la tragédie par les autorités qui a dévasté la ville. Le parti d’extrême droite Vox a su tirer parti de ce désarroi.
Par Pablo Castaño
En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre