Amérique du Sud : Les raisons d’un reflux de la gauche
La crise économique n’explique pas tout. La gauche sud-américaine paie aussi sa difficulté à réformer les sociétés du continent le plus inégalitaire du monde.
dans l’hebdo N° 1408 Acheter ce numéro

Et le nouveau président du Pérou s’appelle Pedro Pablo Kuczynski, depuis dimanche dernier. Pour une poignée de voix, le candidat de centre droit, issu d’une élite blanche et libérale, a défait la favorite Keiko Fujimori. L’enjeu principal du scrutin était d’empêcher le retour au pouvoir du clan de son père, Alberto, président de 1990 à 2000 et aujourd’hui en prison pour crime contre l’humanité et corruption. La gauche a été battue au premier tour en avril, alors qu’Ollanta Humala, élu en 2011 sur un programme de gauche radical proche de celui d’Evo Morales en Bolivie, ne pouvait pas briguer un deuxième mandat successif [^1].
Après l’Argentine, le -Venezuela, la Bolivie, le Brésil : que se passe-t-il en Amérique du Sud ? De la déstabilisation par les urnes au retour de la droite au pouvoir, la gauche latino a perdu la main en -l’espace de six mois. La spirale négative pourrait gagner le Chili, où Michelle Bachelet affronte une contestation grandissante. En Équateur, Rafael Correa quittera le pouvoir en 2017. À l’aune des déceptions qu’il a suscitées, la couleur politique de son successeur est incertaine.
Vague roseOn s’était pourtant habitué, depuis plus d’une décennie, à saluer l’Amérique du Sud comme le plus avancé des territoires d’expérimentation progressiste de la planète. Après la sinistre période des dictatures, close au milieu des années 1980, le continent était devenu, sous l’emprise des États-Unis, le laboratoire de politiques ultralibérales : le « consensus de Washington » – État minimal, privatisations, fonte des budgets sociaux… Une « décennie perdue », un échec économique « sans équivalent depuis au moins un siècle dans la région, relève l’économiste états-unien Mark