Ex-Fralib : Un thé saveur succès
Deux ans après leur victoire contre le géant Unilever, les ouvriers de Scop-Ti, ex-Fralib, sont en passe de gagner leur ultime bataille : la viabilité économique.
dans l’hebdo N° 1407 Acheter ce numéro

L’odeur de thé et le vacarme métallique ont repris leurs droits entre les murs de l’ex-usine Fralib de -Gémenos (Bouches-du-Rhône). Deux ans après la victoire nette et sans bavure des salariés contre le géant de l’agroalimentaire -Unilever, qui voulait délocaliser l’usine, l’horlogerie des machines n’a pas bougé d’un millimètre. Elles plient, collent, enroulent et emballent toujours au rythme de six sachets de thé et infusions par seconde. De quoi produire 70 % de la consommation française.
Mais l’histoire qui s’écrit désormais sur le site de production est inédite. Sous les blouses de la quarantaine de salariés réembauchés, le tee-shirt rouge est d’usage, flanqué du nom de leur nouvelle marque, « 1 336 », comme le nombre de jours de lutte. Tous sont désormais propriétaires de la société. Les 2,8 millions d’euros versés par Unilever pour solder trois années de conflit ont été réinvestis au capital d’une coopérative, -Scop-Ti. -Cinquante-sept ex-ouvriers (sur 182) y ont ajouté 3 000 euros de leur poche pour en devenir actionnaires.
Des hypers aux circuits courtsL’usine est gérée par deux anciens délégués syndicaux et un « directeur général » – Marc Décugis, ex-technicien de maintenance. « Il a bien fallu que quelqu’un s’y colle », sourit Gérard Cazorla, président du conseil -d’administration de Scop-Ti, qui siège dans un bureau dont la porte est barrée de l’inscription, « Direction ressources humaines-syndicat ». « On fait tout », s’amuse l’ancien secrétaire CGT du comité d’entreprise.
Pour les questions d’organisation du travail et les choix marketing, c’est l’assemblée générale des coopérateurs qui est souveraine. Après de longues discussions, elle a décidé de conserver trois niveaux de salaire, en suivant