À Bure, les « ziradieux » défient le lobby nucléaire
Dans la Meuse, le site prévu pour l’enfouissement de déchets radioactifs connaît un fort regain de mobilisation, alors que les occupants d’un bois stratégique viennent d’être expulsés.
dans l’hebdo N° 1412 Acheter ce numéro

Des pneus et des barricades en flammes, la charge de plusieurs dizaines de gardes mobiles, du gaz lacrymogène… Cabanes, préau, cuisine de campagne, postes de vigie et potagers ont été rasés au bulldozer. Jeudi 7 juillet, à 6 heures du matin, une quarantaine de militants antinucléaires ont été chassés sans ménagement du bois Lejuc, à Mandres-en-Barrois (Meuse), où ils campaient depuis dix-huit jours.
Flash-back : dimanche 19 juin, une troupe hétéroclite de quelque deux cents militants, -paysans et riverains envahissait les lieux pour entraver les travaux engagés par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). En mai, ses bulldozers avaient déboisé neuf hectares de forêt pour installer une double haie de fil barbelé – démantelée par des militants qui dénonçaient une illégalité : la gestion de la forêt est sous-conventionnée avec l’Office national des forêts jusqu’en 2018, et l’Andra, propriétaire du bois depuis un an, n’a pas pu produire de dérogation.
La plainte déposée n’avait pas le pouvoir de suspendre l’ordonnance d’expulsion obtenue par l’Andra contre les occupants. Mais les militants ont d’ores et déjà déclaré qu’ils réoccuperaient le bois pour en faire une « zone d’insoumission à l’irradiation » (Zira), acronyme préféré à « ZAD » et détournant la novlangue de l’Andra (zone d’intérêt pour la reconnaissance approfondie).
C’est donc sur Mandres-en-Barrois, ainsi que sur les villages voisins de Bure, Ribeaucourt et Bonnet, que l’Andra a jeté son dévolu pour implanter son centre Cigéo, destiné à enfouir sous terre des déchets nucléaires (voir encadré). Les galeries se trouveraient à l’aplomb du bois Lejuc, promis à la destruction