Après l’attentat de Nice, François Hollande prolonge l’état d’urgence

Michel Soudais  • 15 juillet 2016
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Après l’attentat de Nice, François Hollande prolonge l’état d’urgence
© Photo: AFP / POOL TV / AFP

Dans une déclaration solennelle prononcée depuis l’Élysée vendredi vers 03H45 après l’attentat à Nice qui a fait au moins 84 morts et 15 blessés en urgence absolue (bilan provisoire à 7h30), le chef de l’État a annoncé une série de mesures pour renforcer la lutte antiterroriste, dont la prolongation de l’état d’urgence.

Déplorant le lourd bilan de l’attentat au camion commis sur la Promenade des Anglais à l’issue du feu d’artifice du 14 juillet, qui a touché notamment « plusieurs enfants », le président de la République a estimé que le « caractère terroriste » de l’attaque « ne peut être nié ». « C’est toute la France qui est sous la menace du terrorisme islamiste » et « nous devons tout faire pour (…) lutter contre le fléau du terrorisme », a insisté François Hollande depuis le salon Napoléon III de l’Élysée, là même où il s’était déjà exprimé pour des allocutions similaires après les attentats de janvier et novembre 2015.

« Nous devons, puisque nous sommes dans une période estivale, rehausser encore notre niveau de protection », a-t-il poursuivi François Hollande avant d’annoncer plusieurs mesures sans attendre le conseil restreint de sécurité et de défense convoqué à 9h à l’Élysée :

  • le maintien « à un haut niveau de l’opération Sentinelle », rappelant qu’elle mobilisait « 10.000 militaires, en plus des gendarmes et des policiers ».

  • la décision « de faire appel à la réserve opérationnelle » constituée d’ancien militaires ou gendarmes, « en particulier pour le contrôle des frontières ».

  • la prolongation de trois mois de l’état d’urgence pour lequel un projet de loi sera « soumis au Parlement d’ici la semaine prochaine ».

François Hollande avait annoncé, quelques heures plus tôt, lors de sa traditionnelle interview télévisée du 14 juillet, que l’état d’urgence prendrait fin le 26 juillet. C’était l’une des rares annonces de cet entretien.

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Justifiant face à David Pujadas et Gilles Bouleau la levée de l’état d’urgence, le chef de l’État avait expliqué que la loi sur la procédure pénale promulguée en juin « pouvait nous donner des moyens nous permettant de prévenir la menace terroriste avec efficacité » et « va nous donner des instruments d’action qui sont non pas comparables à l’état d’urgence, mais qui nous donnent des moyens de contrôle administratif de certains individus ». Avant d’ajouter une considération plus politique :

Je veux dire très clairement aux Français qu’on ne peut pas prolonger l’état d’urgence éternellement. Ça n’aurait aucun sens, ça voudrait dire que nous ne serions plus une république avec un droit qui pourrait s’appliquer en toutes circonstances.

Le président avait déclenché la procédure d’état d’urgence le soir des attentats du 13 novembre (130 morts). Ce régime a ensuite été prolongé à trois reprises par le parlement. Au terme de la quatrième prolongation annoncée cette nuit par François Hollande (fin octobre 2016), la France aura vécu près d’un an sous un régime d’exception.

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