« J’ai demandé à mes amis de venir dimanche devant Notre-Dame-de-Paris »

L’appel de l’humoriste Yassine Belattar pour « inverser la tendance négative » et défendre « la France mélangée ».

Politis.fr  • 29 juillet 2016
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« J’ai demandé à mes amis de venir dimanche devant Notre-Dame-de-Paris »

En réaction au meurtre d’un prêtre, le 26 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray, et à la succession d’attentats terroristes de ces derniers mois, l’humoriste Yassine Belattar a lancé sur les réseaux sociaux un appel au rassemblement, devant la cathédrale Notre-Dame-de-Paris ce dimanche. « L’opération #JySuis » a selon lui vocation à _« inverser la tendance négative ».

Il explique à Politis les raisons qui l’on conduit à lancer cet appel :

Chaque jour qui passe est devenu un défi, voire une défiance, pour le vivre-ensemble. Diviser sera beaucoup plus facile que fédérer autour d’un projet commun, ce projet que nous connaissons tous : la France.

Depuis plusieurs semaines on me demande des comptes en tant que musulman, alors qu’on ne sollicite jamais mon point de vue en tant que français. Comme si mes identités étaient mises dos à dos. Cela m’embarrasse, car je ne peux pas choisir. Je n’ai rien connu d’autre que la France.

Il est temps de considérer que la communauté musulmane est tout aussi spectatrice de ces événements tragiques que le reste de la communauté nationale. Pensez-vous qu’un parent tolérerait qu’un de ses enfants s’attaque à des innocents ? Chaque attentat perpétré par un Français – car ils le sont – doit tous nous interroger. Pourquoi des gens avec qui nous avons grandi, joué, rigolé, aimé, sont devenus destructeurs de notre pays ? Beaucoup de gens sont tentés de les voir comme musulmans, car cela rend l’ennemi plus perceptible. Mais la responsabilité est aussi la nôtre.

J’ai moi-même été en rage contre la société française pour mille raisons. L’âge aidant, j’ai laissé certains reproches et je combats toujours pour d’autres : notre rapport à la police, l’ostracisme d’une partie de la société, le racisme, l’état de nos prisons, le plafond de verre. Tous ces sujets qui confortent l’idée qu’il y aurait deux France. Mais je n’ai jamais eu l’envie du communautarisme et encore moins d’une rupture totale.

Car c’est le mélange qui nous sauve. Je l’ai connu à Générations 88.2, cette radio parisienne où nous n’étions ni « rebeux », ni « renois », ni « babetous », ni « Chinois ». Nous étions et nous sommes encore ensemble, car nous appartenons à une génération mélangée. Nous étions tous égaux devant le club Dorothée. Cette France-là me manque, mais elle existe.

C’est pour elle que ma génération doit dire stop ! Le front est commun et non nationaliste ou communautaire.

Les artistes ne peuvent pas solliciter leur public uniquement pour des raisons économiques, nous nous devons aussi de le solliciter pour des raisons morales. Alors, faisons du bruit, faisons savoir qu’on ne s’habituera pas à l’horreur.

J’ai demandé à mes amis de venir dimanche à 11 h à Notre-Dame-de-Paris, car c’est le kilomètre zéro. Toutes les distances se calculent de ce point. Alors, venez on se retrouve au cœur des choses ! À dimanche et vive La République, vive la France et vive Dorothée.

Temps de lecture : 3 minutes
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