« La paix changera la société colombienne »
Un accord historique entre les Farc et le gouvernement met fin à soixante ans de conflit armé. Mais, pour le politiste Marco Romero, le chemin sera long pour consolider la démocratie.
dans l’hebdo N° 1416 Acheter ce numéro
Après l’échec des négociations entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et le gouvernement de Belisario Betancur (1984-1986), puis celui du processus de paix du Caguan (1998-2002) avec le président Pastrana, les dialogues de La Havane (2012-2016) ont enfin abouti à la signature, le 23 juin 2016, d’un accord entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et les Farc, accord devant mettre fin à près de soixante ans d’une guerre intérieure qui a fait plus de 220 000 morts. Marco Romero, professeur au département de sciences politiques de l’Université nationale de Colombie et directeur de la Codhes (Organisme pour les droits humains et les populations déplacées) décrit les enjeux de la paix à venir.
Tout le monde s’accorde à considérer cet accord comme historique. Beaucoup de Colombiens, pourtant, restent sceptiques sur la possibilité d’une véritable paix. Qu’est-ce que cela signifie pour la Colombie dans les mois qui viennent ?
Marco Romero : La fin du conflit armé ne résoudra certes pas tous les problèmes du pays, mais c’est un pas fondamental sans lequel il est impossible de faire le suivant. Cet accord résulte du changement des positions traditionnelles du gouvernement et des insurgés. Il n’a pas de programme structurel mais il devrait asseoir les bases de la