Notre-Dame-des-Landes : Les habitants de la ZAD ne seraient pas légalement expulsables

Plusieurs dizaines d’habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes demandent à la société Aéroports du Grand Ouest (AGO) de leur transmettre les preuves qu’une procédure juridique d’expulsion est engagée.

Vanina Delmas  • 27 septembre 2016
Partager :
Notre-Dame-des-Landes : Les habitants de la ZAD ne seraient pas légalement expulsables
© Photo : LOIC VENANCE / AFP.

L’ultimatum lancé par Manuel Valls aux habitants de la Zone à défendre (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes approche mais ces derniers n’ont pas dit leur dernier mot. Lors d’une conférence de presse devant le tribunal de Nantes, ils ont annoncé qu’ils n’étaient pas légalement expulsables. Contrairement aux habitants historiques des lieux, la plupart des soixante lieux de vie de la zone n’ont reçu aucun avis d’expulsion nominatif.

« Ils n’ont jamais vu d’huissiers, rien ne leur a été notifié, ils n’ont pas pu exercer leurs droits, donc ces occupants ne s’estiment pas légalement expulsables. Des dizaines de personnes dont les maisons sont a priori menacées d’expulsion se sont nommées et identifiées par courrier, certaines depuis longtemps déjà, à Ago-Vinci », explique le groupe presse de la Zad. Or, pour pouvoir contester une quelconque procédure devant un juge, il faut en avoir eu connaissance.

Leurs avocats considèrent qu’il y a eu rétention d’informations et réclament au propriétaire des terrains, Aéroport du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci, de leur communiquer ces ordonnances d’expulsion. En janvier dernier, le tribunal de grande instance de Nantes approuvait l’expulsion de onze familles dont quatre agriculteurs. Les familles bénéficiaient de deux mois de délai avant d’être contraintes de quitter leur domicile.

Le 14 septembre, la préfecture de Loire-Atlantique faisait tomber le dernier obstacle juridique au démarrage des travaux, en autorisant la destruction du campagnol amphibie, un petit rongeur protégé présent sur le site. Les Naturalistes en lutte rappellent qu’« au moins quatre espèces protégées n’ont pas été prises en compte dans les dossiers réglementaires. Ni observées ou recherchées par les bureaux d’études, elles n’ont donc pas été évaluées dans les dossiers. »_ Une action sur le volet environnemental est aussi engagée par la Commission européenne mais ces procédures n’empêcheront pas le lancement des travaux.

Des étapes décisives qui laissent penser que l’évacuation par le Premier ministre « à l’automne » se précise. Les opposants au projet d’aéroport et les habitants de la ZAD se préparent à cette éventualité et appellent leurs soutiens à converger vers cette « Zone à défendre » les 8 et 9 octobre.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

A69 : des usines à bitume irritent les riverains

Reportage 10 décembre 2025 abonné·es

A69 : des usines à bitume irritent les riverains


Depuis cet automne, deux usines pour fabriquer l’enrobé de l’A69 ont été installées à proximité du tracé. Les potentiels rejets de substances toxiques inquiètent des riverains, qui ont conçu leurs propres capteurs d’air.
Par Vanina Delmas
A69 : les cinq enjeux d’une audience cruciale
Décryptage 10 décembre 2025 abonné·es

A69 : les cinq enjeux d’une audience cruciale

Une audience cruciale est prévue à la cour administrative d’appel de Toulouse ce jeudi 11 décembre pour acter ou non la poursuite du chantier de l’A69. Décryptage des principaux enjeux.
Par Vanina Delmas
Valérie Masson-Delmotte : « Les questions de climat et d’énergie sont les premiers marqueurs de la désinformation » 
Entretien 10 décembre 2025 abonné·es

Valérie Masson-Delmotte : « Les questions de climat et d’énergie sont les premiers marqueurs de la désinformation » 

Il y a dix ans, lors de la COP 21, 196 pays s’engageaient dans l’accord de Paris à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) pour contenir le réchauffement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Depuis, la climatologue ne ménage pas son temps pour faire de la vulgarisation scientifique et reste une vigie scrupuleuse sur la place des faits scientifiques.
Par Vanina Delmas
Serment de Cambrai : des mutuelles s’unissent contre les ravages des pesticides
Initiative 4 décembre 2025 abonné·es

Serment de Cambrai : des mutuelles s’unissent contre les ravages des pesticides

Face à l’explosion des maladies chroniques, des complémentaires santé s’engagent contre l’agrochimie en France et en Europe, notamment en prévoyant d’investir dans des projets agroécologiques.
Par Vanina Delmas