Le bassin méditerranéen menacé d’une catastrophe climatique

Une étude scientifique, qui sonne comme un avertissement avant la COP 22 au Maroc, affirme que toute la région est d’ores et déjà en danger

Claude-Marie Vadrot  • 31 octobre 2016
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Le bassin méditerranéen menacé d’une catastrophe climatique
© Photo : Eric Teissedre / Photononstop.

Si la planète continue à chauffer, le bassin méditerranéen peut rapidement devenir la proie d’une désertification importante qui le transformera en un espace n’ayant plus grand-chose à voir avec les écosystèmes qu’on lui connaît aujourd’hui. C’est la conclusion alarmante, à une semaine de l’ouverture au Maroc de la conférence climatique COP 22, d’une étude qui vient de paraître dans le dernier numéro du magazine américain Science.

D’après les auteurs, même si le réchauffement se limite à deux degrés, c’est-à-dire l’objectif affiché de la conférence climatique de Paris, les pays du pourtour de la méditerranée subiront des changements sans précédents dans l’histoire connue de la région. Par exemple, avec simplement cet accroissement de deux degrés, « le Maroc connaitra des évolutions climatiques qui agrandiront les zones désertiques vers le nord du pays, entrainant un déplacement des zones boisées. Les déserts s’étendront dans tout le Moyen-Orient, rejetant les forêts de type tempéré plus haut dans les montagnes ».

En outre, affirment les auteurs, la zone méridionale de l’Espagne se transformera également en désert et la plupart des espaces forestiers de cette zone seront remplacés par des buissons. Les effets de cette désertification sont d’ailleurs déjà perceptibles dans le sud de l’Andalousie où ils affectent à la fois le débit des cours d’eau, les cultures et la végétation.

Tous ces changements sont déjà en train de s’amorcer parce que le bassin méditerranéen se réchauffe plus vite que le reste de la planète. Ce qui menace les conditions de vie d’une population globale d’environ 450 millions de personnes si des solutions ne sont pas rapidement trouvées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui semble peu probable.

Cette situation rappelle les longues sécheresses qui ont affecté cette région il y a environ 3 000 ans. Causant peut-être, explique l’étude, la fin de l’âge du bronze avant l’émergence de la civilisation grecque. Cette période montre pourtant une différence notable avec la menace actuelle : elle n’était pas la conséquence d’une élévation des températures. Les auteurs citent à l’appui de leurs craintes, la vague de chaleur, la terrible sécheresse et leurs conséquences agricoles survenues en Syrie en 2010 ; désastres qui peuvent expliquer, au moins en partie, les révoltes de la population et le déclenchement de la guerre civile.

De nombreux climatologues, qui seront présents à Marrakech, insistent sur le fait que le réchauffement climatique, s’il dépasse (ou même simplement atteint) 1,5 degrés dans ces régions, avec ses conséquences sur le brutal changement de végétation et sur les ressources en eau, entraînerait des désordres sociaux et politiques semblables à ceux qui détruisent actuellement la Syrie, l’Égypte et la Libye.

Écologie
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