Des travailleurs sans-papiers manifestent pour leur régularisation

Mercredi 23 novembre, six syndicats, associations et collectifs ont occupé la Direction générale de l’emploi et de la formation professionnelle (DGEFP) pour demander la régularisation des travailleurs sans-papiers. Après trois heures d’occupation, ils ont finalement obtenu un rendez-vous au ministère du Travail.

Malika Butzbach  • 24 novembre 2016 abonné·es
Des travailleurs sans-papiers manifestent pour leur régularisation
© Des travailleurs sans papiers protestent devant la DGEFP. Photo : Malika Butzbach

« Nous, on veut juste des papiers », crie Ali en sortant de la Direction générale de l’emploi et de la formation professionnelle (DGEFP), dans le 15e arrondissement de Paris. C’est la troisième occupation de ce type par les travailleurs sans-papiers durant l’année 2016, toujours dans le but d’obtenir leur régularisation. « C’est une revendication ancienne, explique Ali. La ministre a tous nos dossiers sur son bureau ! » Depuis la dernière occupation en mars, la délégation de l’intersyndicale et des collectifs ont été reçus trois fois rue de Grenelle, mais les négociations ont fini par tourner en rond.

C’est donc pour protester contre l’immobilisme du ministère que 500 personnes ont occupé le 6ème étage de la DGEFP. « On voulait faire comme en mars au ministère du Travail, où on avait occupé le bâtiment pendant 48 heures. Mais là, ça a duré même pas trois heures. On a à peine eu le temps de s’organiser qu’on a dû sortir », relate Stephane Largarde de la CGT. Il n’empêche que les collectifs sont pleinement satisfaits de cette action. « Il y a eu plus de monde que la dernière fois. Au niveau qualitatif et quantitatif, cette mobilisation a été exemplaire. Cela montre qu’il y a une prise de conscience collective », déclare Jean-Claude Amara de l’association Droits devant.

« La répression a franchi un niveau »

« On a eu un échange téléphonique avec le cabinet de la ministre qui nous a donné le choix : soit on sortait volontairement et on obtenait un rendez-vous à Grenelle, soit on était évacué manu militari. Regardez vous-mêmes ! », lance le militant en montrant les nombreux policiers présents sur place. « On a compté 35 fourgons. On sent que la répression a franchi un niveau depuis les dernières actions. »

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Dès 16h, les policiers avaient bloqué le bâtiment et évacué les employés. « C’est une sacrée expérience à vivre, rigole l’une d’elle. Même si c’est un peu abusé…_ » Pour Jean-Claude Amara, de l’association Droits devant,_ la réponse est avant tout politique et vient d’en haut : « On ne va pas prendre les employés en otages ! Si on fait une prise d’otage, on visera plutôt Valls ou Hollande », plaisante-t-il.

« On est des citoyens, pas des voleurs »

Kholifi, lui, n’en peut plus. Venu d’Algérie en 2003, il travaille dans le bâtiment depuis huit ans mais n’arrive toujours pas à être régularisé. « Pourtant, je suis inséré, dit-il en montrant sa carte vitale. Je suis inséré depuis 2005 ! Mais parce que les employeurs ne veulent pas signer mon CERFA [formulaire nécessaire à la régularisation, NDLR]_, je ne peux pas avoir de papiers._ »

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Le CERFA, pour les employeurs, c’est une simple promesse d’embauche, pour les travailleurs, c’est le sésame qui leur permet d’être régularisés. « À l’administration, j’ai donné mes fiches de paie mais ils m’ont dit que ce n’était pas une preuve. J’en ai marre ! On est des citoyens, on travaille, on n’est pas des voleurs. Mais ils ne veulent pas nous donner de papiers. Et en France, sans papiers, tu n’as droit à rien. C’est comme si tu n’existais pas. »

Société Travail
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