Trump et l’écologie : les révélations accablantes d’une organisation américaine

D’après un document qu’une association américaine s’est procuré, la politique environnementale du nouveau président a été préparée par un conseiller issu des milieux anti-écolos, industriels et climato-sceptiques.

Claude-Marie Vadrot  • 13 décembre 2016 abonné·es
Trump et l’écologie : les révélations accablantes d’une organisation américaine
© Photo : Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

D’après le document que s’est procuré le Centre pour les médias et la démocratie, organisme associatif américain qui s’est donné pour tâche depuis une vingtaine d’années d’enquêter sur la corruption et sur le rôle des groupes de pression privés, la ligne de conduite de Donald Trump sur les questions environnementales est aussi catastrophique que le craignaient les scientifiques et les écologistes.

La note révélée qui fixe la politique de Trump a été remise au président élu quelques jours après son élection et avant ses premières nominations. Elle a été préparée par Thomas Pyle, son éminence grise et responsable de l’équipe présidentielle chargée de la transition énergétique dans la nouvelle administration. Ce Thomas Pyle a été le conseiller (énergie et environnement) de plusieurs entreprises pétrolières ou chimiques, et également celui de la majorité conservatrice de la Chambre des représentants. Le document établi par cet adversaire de toute réglementation environnementale, comporte une liste de 14 sujets que le nouveau président devra mettre en œuvre :

Pour que son administration adopte des mesures favorables à la production énergétique basée sur les lois du marché […] nous pensons qu’il faudra nommer des personnalités soucieuses de respecter les principes de la liberté de la concurrence et de mettre fin les dangereuses politiques de l’administration Obama

Restaurer le contrôle des industriels

Ces conseils, déjà en partie suivis d’effets, ne surprennent pas d’un homme à la fois président de l’Institut pour la recherche énergétique et président de l’Alliance américaine pour l’énergie. Deux organismes financés par les entreprises du secteur du pétrole et du gaz dont les contributeurs les plus importants sont Exxon Mobil et les sociétés des frères Koch. Ces derniers financent largement le lobby climato-sceptique depuis des années. Thomas Pyle écrit dans sa note « qu’il faut retirer son pouvoir à Washington et le rendre aux États et au peuple, ce qui permettra aux industries des énergies fossiles de reprendre le contrôle ». Ce qui implique, explique l’auteur, de remettre en cause l’accord de Paris et le « soi-disant » Clean air act, la loi sur la diminution de la pollution de l’air et des émissions de gaz à effet de serre promulguée par Obama. Texte actuellement bloqué par la cour d’appel de Washington par un procès intenté par de nombreuses entreprises et 27 États. Ces deux points figurent en tête de la liste des quatorze points abordés dans la note. Viennent ensuite…

  • L’annulation du moratoire limitant le recours au charbon et son exploitation.

  • Autorisation de tous les projets d’oléoduc actuellement suspendus, qu’il s’agisse du projet Keystone XL ou du projet Dakota ; et intensification de la mise en place de ce type de transport du pétrole à travers le pays.

  • Reconsidérer tous les résultats des recherches attribuant à l’homme le réchauffement climatique tels qu’ils ont été mis en avant par l’administration Obama.

  • Réexaminer les conséquences environnementales des éoliennes, car elles affectent la vie sauvage, entrainant notamment la mort des oiseaux et des chauves-souris.

  • Réduire les subventions qui sont attribuées aux énergies renouvelables.

  • Revoir les décisions inconstitutionnelles de la réglementation de l’administration Obama sur la préservation des eaux telle qu’elle a été définie par la loi sur le « Clean water act ».

  • Assouplir la réglementation sur les caractéristiques des carburants automobiles. Soit pour la supprimer, soit pour la revoir de façon à ce qu’elle soit conforme au fonctionnement de l’économie.

  • Mettre fin aux références à un « coût social » de l’émission du carbone pour la règlementation fédérale car elles ne sont pas conformes aux dernières recherches scientifiques.

  • Réduire les pouvoirs de l’Agence fédérale pour la protection de l’environnement (EPA).

Cette dernière prescription, pour ne prendre que cet exemple, a été suivie par Donald Trump qui a nommé Scott Pruitt comme président de l’EPA. Pruitt s’est fait connaître en tant que ministre de la Justice de l’État de l’Oklahoma, comme le chef de file de la bataille juridique, avec de le concours de 27 États et des industries de l’énergie fossile, par le procès en cours pour faire annuler une loi de l’administration Obama. Une loi nécessaire pour que les USA puisent se conformer à l’accord de Paris. En fait, tout le mémorandum de Thomas Pyle est une longue recommandation argumentée pour supprimer tous les textes liés à l’énergie, à l’environnement et à la nature.