« 3 000 Nuits », de Mai Masri : Un enfant en prison

3 000 Nuits, de Mai Masri, raconte la vie de détenues palestiniennes en Israël.

Christophe Kantcheff  • 5 janvier 2017 abonné·es
« 3 000 Nuits », de Mai Masri : Un enfant en prison
© LHR Films

Alors qu’il était présenté dans différents festivals, 3 000 Nuits, le nouveau film de la cinéaste palestinienne Mai Masri, était en mai dernier censuré par Georges Mothron, maire LR d’Argenteuil (Val-d’Oise). Avec La Sociologue et l’Ourson, documentaire de Mathias Théry et Étienne Chaillou sur le mariage pour tous, 3 000 Nuits était considéré par l’élu comme pouvant « mettre le feu aux poudres » et sa projection annulée au prétexte qu’il fallait éviter « les réactions éventuellement véhémentes de certains ».

3 000 Nuits sort cette semaine et, s’il provoque des débats, ce sera tant mieux ! Le film révèle sous forme de fiction la condition des femmes palestiniennes, accusées pour la plupart de « terrorisme », dans les prisons israéliennes. L’action se situe dans les années 1980, et l’histoire, appuyée sur des faits réels, se resserre sur Layal (Maisa Abd Elhadi), parfaitement étrangère à ce qu’on lui reproche, et qui attend un enfant, alors qu’on va la condamner à huit ans de prison.

La cinéaste a cherché à faire le plus « vrai » possible. D’où l’emploi de la caméra à l’épaule, des plans avec beaucoup de mouvements d’acteurs, et plusieurs scènes assez dures : les prisonnières palestiniennes sont maltraitées aussi bien par leurs geôlières que par les détenues de droit commun israéliennes. La cinéaste est moins à l’aise dans des scènes qui se voudraient plus intimistes ou « symboliques » – exemple : l’enfant, à sa naissance, se retrouvant dans un halo de lumière… Mais cette dimension vériste, qui est la limite du film, permet de documenter la situation de ces femmes, dont tous les droits sont bafoués. Reste le parcours de Layal, qui permet de garder un certain espoir…

3 000 Nuits, Mai Masri, 1 h 43.

Cinéma
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