En grève, les salariés de la Fnac Champs-Elysées ne baissent pas les bras

Les employés de l’enseigne culturelle organisent ce 11 janvier un rassemblement devant leur magasin. Moins bien payés que leurs collègues des autres Fnac parisiennes ils réclament l’égalité de traitement.

Hugo Boursier  • 11 janvier 2017 abonné·es
En grève, les salariés de la Fnac Champs-Elysées ne baissent pas les bras
© Photo: Entrée du magasin Fnac en grève, le 10 janvier 2017 (Hugo Boursier).

C’est leur 29eme jour de grève. « On strike » (« en grève » en anglais), indiquent les banderoles qui s’étendent devant le magasin. Nous sommes bien devant la Fnac de l’avenue la plus empruntée par les touristes à Paris, au cœur d’une « zone touristique internationale ». Ce statut particulier et dérogatoire autorise les commerces à ouvrir sur une grande amplitude horaire, obligeant les salariés à être sur le pont de sept heures (pour les employés du stock) à minuit, du lundi au dimanche, et ce toute l’année. Sauf que les rémunérations ne suivent pas.

A travail égal, salaire égal

Pour ces horaires tardifs les salariés ne perçoivent que 30 euros brut pour un temps plein. Une majoration bien inférieure à celle perçue par les salariés des autres Fnac, comme celle située au Forum des Halles. Ces derniers touchent d’ailleurs une « prime sous-sol », à hauteur de 50 euros brut, que les employés de « la plus belle avenue du monde » ne connaissent pas.

Les employés du Forum des Halles travaillent douze dimanches par an, sur la base du volontariat. Pour cet emploi dominical, ils perçoivent une majoration de 300% de leur taux horaire. « Celle des Champs-Elysées est de 200% alors que cela concerne pour nous 52 dimanches par an », souligne Benjamin Guyot, élu CFDT et délégué au comité entreprise. « Même avec une prime plus importante, nous continuerons à toucher des salaires qui sont les plus bas à échelon équivalent par rapport aux autres Fnac » ajoute Alexandre Bey, son collègue gréviste.

300 à 400 euros de moins durant les congés maternité

L’arrivée d’un nouveau gestionnaire de paie (Cegedim) en 2015 a perturbé le maintien de salaire à 100 % lors de congés maternité. « La direction ne prend pas en compte nos salaires variables. Elle s’en tient à un salaire de base. Du coup, trois salariées ont perdu entre 300 à 400 euros par mois pendant leur congé maternité ! », indique Faustine Goget.

Suite à une agression en caisse par quatre clients, cette employée a d’ailleurs dû reprendre le même poste, « malgré la demande de la médecine du travail de ne pas me mettre en contact avec les clients ».

Pression de la direction

La grève est reconductible depuis le 17 décembre. Une date clef dans la lutte des salariés : ils venaient d’apprendre qu’ils étaient convoqués trois jours plus tard au Tribunal de grande instance, quand un service d’ordre d’une vingtaine de personnes arrive devant l’enseigne et tire les banderoles des grévistes. La direction évoque officiellement « un risque de sécurité». Mais pour Benjamin Guyot, c’est « la direction qui veut se faire justice elle-même ». En témoigne une vidéo prise par un employé que nous avons pu voir. Elle montre un homme du service d’ordre affirmant qu’il avait « reçu des consignes ». Alexandre Bey, bousculé par cette manœuvre illégale, tombe et se blesse au poignet. Résultat : six jours d’incapacité totale du travail (ITT). Il dénonce une « ignorance totale » de la part de la direction, « comme si rien ne s’était passé ».

Pour tenter de débloquer le conflit et populariser leur lutte, les grévistes organisent un rassemblement ce 11 janvier à 18h30 devant leur magasin. Les organisations syndicales SUD Fnac et la CGT devraient être présents. Une pétition en ligne, sur le site Change.org, est aussi disponible.

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