En marche ! a-t-il été lancé avec de l’argent public ?

Les journalistes Marion L’Hour et Frédéric Says affirment dans un livre-enquête qu’Emmanuel Macron aurait utilisé 120 000 euros accordés au ministère de l’Économie pour financer sa campagne présidentielle.

Hugo Boursier  • 25 janvier 2017
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En marche ! a-t-il été lancé avec de l’argent public ?
© Photo : Francois PAULETTO / Citizenside

L’ancien banquier de Rothschild Emmanuel Macron s’est octroyé « 80 % du budget de « frais de représentation » alloué à l’ensemble de son ministère, notamment pour financer des déjeuners et des dîners tenus en « bonne compagnie » », à hauteur de 120 000 euros, rapportent Marion L’Hour et Frédéric Says, deux journalistes de Radio France, dans une enquête parue mercredi 25 janvier, Dans l’enfer de Bercy. Enquête sur les secrets du ministère des Finances (JC Lattès, 280 p., 20,50 euros).

Du 1er janvier au 30 août 2016, date de son départ de Bercy, Emmanuel Macron, pourtant soutenu par des grands patrons comme Xavier Niel ou Vincent Bolloré, aurait utilisé cet argent public pour lancer son mouvement En marche !. Un détournement qui passe mal dans la communication de ce candidat autodéfini comme « antisystème ».

Après la publication d’un extrait de l’enquête sur lefigaro.fr,_ les réactions n’ont pas traîné. Mardi 24 janvier, lors d’une conférence de presse, Philippe Vigier, président du groupe UDI (centriste) à l’Assemblée nationale, a demandé une « clarification » sur cette utilisation des frais de représentation :

Franchement, celui qui nous expliquait dans une déclaration que pas un seul euro d’argent public serait utilisé pour sa campagne, manifestement, c’est un mensonge.

Christian Jacob, chef de file des députés Les Républicains, a quant à lui estimé qu’Emmanuel Macron était « l’incarnation de l’imposture ».

« Il faut que ces parlementaires fassent attention parce que la diffamation a un sens juridique », a répliqué Emmanuel Macron, en marge d’un déplacement au Liban. Avant d’appeler, aux micros de RTL et Radio France, « ceux qui diffament » à s’occuper « de leurs propres turpitudes », en visant sans le nommer François Fillon, le candidat de la droite et du centre. Ce dernier est accusé par le Canard enchaîné d’avoir assuré à son épouse un emploi fort bien rémunéré et très peu prenant. Pénélope Fillon aurait ainsi reçu 500 000 euros brut comme attachée parlementaire de son mari entre 1998 et 2002, du suppléant de ce dernier ensuite et jusqu’en 2007, puis quelques mois en 2012 auprès de son époux à nouveau. À partir de cette date, elle aurait reçu 100 000 euros brut en tant que conseillère littéraire pour la _Revue des deux mondes, alors que son travail pour ces deux postes aurait été quasi inexistant, selon le journal satirique.

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Politique
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