Les difficiles débuts de Trump

Mais tout n’est pas si simple pour le nouveau président américain depuis son investiture.

Denis Sieffert  • 25 janvier 2017 abonné·es
Les difficiles débuts de Trump
© Photo : Karen Ducey/getty/AFP

Attaqués par Donald Trump dans ses premiers discours, les Chinois n’ont pas perdu le sens de l’humour. À la veille du nouvel an qui inaugure « l’année du coq », les géomanciens de Hong Kong ont prédit que le nouveau président américain sera le « roi de la basse-cour ». Tout comme le volatile, Trump a, selon ces oracles, un caractère « brusque et changeant ». En attendant, les premiers jours de nouvelle présidence ont été marqués par une série de décisions qui s’inscrivent bien dans la continuité de sa campagne électorale.

Il a tout d’abord signé l’acte de retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique. Il a ensuite annoncé qu’il allait renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena). Il y aurait à cela de bonnes raisons, mais ce sont, hélas, les mauvaises raisons, ultra-protectionnistes, qui l’ont emporté. C’est le « mur » sur la frontière mexicaine qui se profile. Et un « mur » économique avec les autres partenaires des États-Unis.

Après quoi, Donald Trump a signé deux décrets, l’un gelant les embauches de fonctionnaires fédéraux, l’autre interdisant le financement d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement. L’affairiste président a également reçu, lundi, douze dirigeants d’entreprises auxquels il a promis des « baisses massives » d’impôts et la suppression de « 75% et peut-être plus » de toute réglementation. Toutes les dispositions de protection de l’environnement, qualifiées de « trucs » par Donald Trump, devraient ainsi être effacées. Comme une partie au moins de l’Obamacare, auquel il a commencé à s’attaquer.

Mais tout n’est pas aussi simple pour le « coq » américain. Seuls trois membres de son administration, James Mattis à la tête du Pentagone (le ministère de la Défense), John Kelly, secrétaire à la Sécurité intérieure, et Mike Pompeo, directeur de la CIA, avaient été confirmés par le Sénat mardi. Rex Tillerson, ancien PDG d’ExxonMobil, devait être confirmé à la tête du Département d’Etat (ministre des Affaires étrangères). Mais deux d’entre eux ont commencé par contredire leur patron. James Mattis a affirmé, lundi, que l’engagement des Etats-Unis envers l’Otan était « inébranlable ». Quelques jours plus tôt, Donald Trump avait répété que l’Otan était « obsolète ». Quant à Rex Tillerson, il a accusé Vladimir Poutine « de crime de guerre en Syrie ». Tout le contraire du discours de Donald Trump. Il est vrai que Rex Tillerson, suspecté de liens étroits avec Moscou, avait besoin d’un vote de confiance du Sénat qu’il n’a obtenu qu’in extremis. Avec Donald Trump et ses amis, on sait que la vérité est une valeur toute relative. Mais, pour le président américain, le pire est peut-être dans la rue. De gigantesques manifestations, à Washington et Los Angeles, ont suivi son investiture, à l’appel d’organisations de femmes et des droits humains. Une Amérique, sans doute majoritaire, se dresse contre lui.

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