Hamon-Jadot-Mélenchon-Marchandise : la pression pour le rassemblement monte d’un cran

Des collectifs, associations et élus lancent un appel pour que la gauche antiaustéritaire se rassemble derrière un seul candidat à la présidentielle.

Pauline Graulle  • 23 février 2017 abonné·es
Hamon-Jadot-Mélenchon-Marchandise : la pression pour le rassemblement monte d’un cran
© Photo : L'eurodéputée Marie-Christine Vergiat et Marie-Pierre Vieu lors de la convention de « L'appel des 100 », le 12 novembre 2016 (Michel Soudais)

Puisque les têtes n’y arrivent pas, la base les forcera à s’entendre. C’est en substance le message qu’ont voulu faire passer plusieurs collectifs de citoyens et d’élus, jeudi 23 février, à Paris. Des membres de l’Appel des 100, des féministes, des syndicalistes, mais aussi des représentants du PCF, du PS (tendance Gérard Filoche), d’EELV et de Charlotte Marchandise (la gagnante de la Primaire citoyenne) ont décidé d’élever la voix pour exiger des quatre candidats qu’ils se rassemblent.

À l’heure où Benoît Hamon préfère se faire photographier avec Emmanuel Macron plutôt qu’avec Jean-Luc Mélenchon (tout dialogue entre eux semblant désormais exclu, lire ici), et au moment même où l’alliance entre Benoît Hamon et EELV s’avère plus compliquée que prévu, il s’agit pour ces collectifs de faire parler le « peuple de gauche ». Celui qui ne comprend pas pourquoi des gens si proches sur le fond – la VIe République, l’abrogation de la loi travail ou la transition écologique – n’arrivent pas à s’entendre alors que la droite, voire l’extrême droite, pourrait arriver au pouvoir. Et que François Bayrou et Emmanuel Macron viennent de « montrer l’exemple » en s’alliant pour 2017.

« Benoît, Charlotte, Jean-Luc, Yannick, vous attendez quoi ? »

« Benoît, Charlotte, Jean-Luc, Yannick, vous attendez quoi ? » Tel est le titre de l’appel lancé sur Vousattendezquoi.fr. L’idée est de rassembler un maximum de signatures en faveur d’« une victoire plutôt que de quatre défaites ». « On veut servir de caisse de résonance des citoyens, explique Michel Jallamion, militant de République et Socialisme, élu au conseil régional d’Île-de-France sur une liste Front de gauche qui avait fusionné avec celle de Claude Bartolone. C’est la première fois depuis les années 1980 qu’on a une victoire de cette gauche-là à portée de main. Il ne faut pas laisser passer sa chance. Sinon, quoi ? C’est la fin de la Sécu, la fin des services publics et la fin du Code du travail. »

« Macron, c’est quelqu’un de très dangereux, un libéral comme on n’a jamais eu en France », ajoute Guy Tressallet, de l’Appel des 100, qui tacle « la guerre des égos » et appelle à « contraindre » les quatre à ne choisir qu’un seul candidat de « la gauche antiaustéritaire ». Et selon Jean-Alain Mazas, socialiste « filochard » (courant Démocratie et Socialisme), les rapprochements se font déjà, au niveau local, entre militants de la France insoumise, hamonistes, écolos… La preuve, selon lui : même François Ruffin, qui appelait, pendant la séquence Nuit debout, à ne plus jamais voter PS, aurait changé d’avis après la désignation de Benoît Hamon…

« Les quatre candidats ont en commun de vouloir dépasser les appareils existants, ajoute Benjamin Ball, porte-parole de Charlotte Marchandise. On l’a vu avec le refus de voter pour Cécile Duflot, pour Manuel Valls ou Arnaud Montebourg, le débordement citoyen est en train de s’accélérer contre les vieilles logiques. Il va se faire, c’est certain. Après, reste à savoir si on le laisse à des gens comme Beppe Grillo [leader populiste italien, NDLR] ou si on veut l’accompagner. »

Comment se faire entendre en haut ?

Ça, c’est une autre histoire… La communiste Marie-Pierre Vieu reconnaît que la mobilisation citoyenne est difficile, et que dans les états-majors « il y a des efforts à faire de tous les côtés, sinon, la recomposition se fera contre nous ». « Les démarches qu’on lance, c’est sortir des logiques verticales et descendantes, souligne l’eurodéputée Front de gauche indépendante, Marie-Christine Vergiat. Les sympathisants de gauche ne veulent plus des logiques du passé. »

Les sympathisants peut-être… Mais la majorité des militants encartés n’est pas prête à sauter le pas. Au PS, l’aile droite et une bonne partie du « marais » socialiste est allergique à Jean-Luc Mélenchon. Au sein de la France insoumise, également, les militants vouent une méfiance tenace au PS qui a, selon eux, trahi la gauche depuis 2012. Même chez les Verts, le soutien à Benoît Hamon ne va plus de soi et le vote des 17 000 écolos, en fin de semaine, pourrait être très serré. Une partie d’EELV refuse en effet un accord avec le seul PS et réclame « Un candidat pour trois mais pas deux ! ».

Mais si aucun représentant de la France insoumise n’était présent au lancement de l’appel, les choses bougent néanmoins, y compris dans le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Plusieurs insoumis ont lancé un appel « 1 mais pas 3 », où ils estiment que « les grandes dates de l’histoire des transformations sociales ont été impulsées par des  »convergences » : le Front Populaire, le CNR, le bloc des gauches mais aussi le programme commun et la gauche plurielle ».