Le projet de campus Paris-Saclay épinglé par la Cour des comptes

Le projet de pôle universitaire et technologique Paris-Saclay est aujourd’hui dans une « impasse », selon un rapport des magistrats de la Rue Cambon.

Adrien Monnanni  • 10 février 2017
Partager :
Le projet de campus Paris-Saclay épinglé par la Cour des comptes
© Photo : Saclay Citoyen

Présenté comme le futur centre névralgique de la recherche et de l’innovation française, le « cluster » Paris-Saclay se heurte à un problème de taille. Dans son rapport rendu public le 8 février, la Cour des comptes souligne l’incapacité des dix-huit membres de la communauté d’universités et d’établissements (Comue) à participer ensemble à la construction d’un seule et même campus, qui doit accueillir d’ici 2020 quelques 11 000 chercheurs et 70 000 étudiants. Certaines grandes écoles, à l’image de Polytechnique, ont exprimé leurs réticences à s’unir, de peur de perdre leur « réputation d’excellence » dans cette future université encore « peu sélective ». Face à l’incapacité du projet à « surmonter la dualité du système d’enseignement supérieur français », la Cour des comptes propose la création d’un responsable interministériel pour dénouer ce dossier « aujourd’hui en suspens ».

À lire aussi > Le plateau de Saclay sacrifié sur l’autel du Grand Paris

Un argument de plus pour les opposants au projet

En pointant du doigt « les carences du pilotage global de ce projet », dans lequel 5,3 milliards d’euros ont été engagés, la Cour rejoint une partie des reproches jusqu’ici formulés par les opposants au « cluster ». Le rapport, selon lequel un « rapprochement géographique des universités » ne relève d’aucune « cohérence réelle », conforte les arguments avancés par le collectif Saclay Citoyen, pour qui ce regroupement tendra à « la concurrence et non la coopération ». Claudine Parayre, membre de cette association qui lutte contre l’urbanisation du plateau de Saclay, se réjouit des conclusions de la Cour des comptes : « Voici un argument de plus que nous pourrons ajouter à la lettre adressée au Premier ministre, à qui nous demandons un moratoire sur ce projet ! » Un projet, qui au-delà de son « pilotage défaillant », est amené à engranger de nombreuses conséquences sur l’environnement et l’agriculture locale. Quelque 400 hectares de terrains agricoles parmi les plus fertiles d’Île-de-France sont en effet amenés à disparaître au profit de ce futur pôle universitaire et technologique.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Environnement : l’Union européenne recule de dix ans
Vidéo 2 décembre 2025

Environnement : l’Union européenne recule de dix ans

Le mois dernier, le Parlement européen a adopté Omnibus 1, un ensemble de normes qui mettent à mal des décennies de conquêtes sociales et environnementales. Décryptage vidéo.
Par Caroline Baude
En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre
Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains

En fin de processus d’extraction, les orpailleurs illégaux utilisent de grandes quantités de mercure pour séparer la terre de l’or. Hautement toxique, ce métal lourd contamine non seulement l’environnement mais aussi les peuples du fleuve Maroni.
Par Tristan Dereuddre
Au Chili, sur l’île de Robinson Crusoé, comment la pêche est restée durable
Reportage 19 novembre 2025 abonné·es

Au Chili, sur l’île de Robinson Crusoé, comment la pêche est restée durable

Perdu au milieu du Pacifique à 670 kilomètres des côtes chiliennes, l’archipel mondialement connu pour avoir inspiré le célèbre roman de Daniel Defoe est aussi un bijou de biodiversité marine que ses habitants ont su conserver depuis plus d’un siècle. Au contraire des ressources terrestres, qui se trouvent dans un état alarmant.
Par Marion Esnault