Leclerc condamné à rembourser 63 millions d’euros

Le distributeur devra restituer à 49 de ses fournisseurs des sommes qu’il avait obtenues en enfreignant les règles de la concurrence.

Claude-Marie Vadrot  • 3 février 2017 abonné·es
Leclerc condamné à rembourser 63 millions d’euros
© Photo : JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

La Cour de cassation vient de confirmer la condamnation du distributeur E.Leclerc à rembourser 63 millions d’euros à 49 de ses fournisseurs pour leur avoir imposé, en 2009 et 2010, des contributions illicites et avoir enfreint les règles de la concurrence. Cette somme devrait être complétée par des amendes. D’autres procédures pourraient voir le jour, portant sur des infractions commises à d’autres périodes.

La justice a estimé que les « remises » supplémentaires exigées par l’enseigne pour mettre en avant certains produits en rayon n’étaient justifiées par aucun des services rendus.

Dans sa décision rendue en 2015, la cour d’appel avait ainsi évoqué « l’absence de contreparties ou de justifications » pour exiger des remises. Elle avait même découvert que les remises supplémentaires devaient être versées avant le paiement des marchandises livrées dans les magasins de la chaîne – ce qui a aggravé la condamnation et le montant des remboursements exigés.

Clients et agriculteurs lésés

Les fournisseurs qui bénéficieront de ces remboursements sont, par exemple, Ferrero, Mars, Fleury-Michon, Lactalis, Bonduelle ou Madrange.

Nombre ces grandes entreprises ainsi rackettées avec leur consentement ou « à l’insu de leur plein gré » ne sont pas vraiment à plaindre, et il faut rappeler trois réalités : d’abord, qu’elles sont complices de ces méthodes ; ensuite, que ces contributions pénalisent également les petits fournisseurs régionaux et locaux, ainsi que les agriculteurs ; enfin, que ces surtaxes sont payées par les consommateurs, car elles sont répercutées sur les prix de vente. Ou même sur le prix d’achat aux agriculteurs, comme le fait Lactalis.

Leclerc n’est pas le seul distributeur à racketter ses fournisseurs au nom de la baisse des prix, mais en réalité pour faire plus de bénéfices. D’autres, comme Auchan ou Système U, font également l’objet de procédures judiciaires initiées ou soutenues par le ministère des Finances. Ce dernier tente, difficilement, de mettre fin à des pratiques qui « écrase les prix » aux dépens des agriculteurs, les PME et les consommateurs.

Logiquement, qu’il s’agisse de Leclerc ou de ses concurrents usant des mêmes pratiques, d’autres condamnations sont à attendre en 2017. D’autant plus que les pratiques en question existent toujours.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« À Paris, les manifs pour la Palestine doivent être à la hauteur des autres capitales européennes »
La Midinale 26 novembre 2025

« À Paris, les manifs pour la Palestine doivent être à la hauteur des autres capitales européennes »

Anne Tuaillon, présidente de l’association France Palestine Solidarité, est l’invitée de « La Midinale ». Ce samedi 29 novembre, 85 organisations dont LFI, le PS, le PCF, les Écologistes, la CGT et beaucoup d’autres, organisent une grande mobilisation pour la défense des droits du peuple palestinien sur la base du droit international.
Par Pablo Pillaud-Vivien
L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses
Décryptage 25 novembre 2025

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses

112 plaignantes, 1 gynécologue… et 11 ans d’instruction. En 2027, le docteur Tran sera jugé pour de multiples viols et agressions sexuelles. Plaintes ignorées, victimes oubliées, délais rallongés… Cette affaire témoigne de toutes les lacunes de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Par Salomé Dionisi
« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »
Entretien 25 novembre 2025 abonné·es

« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »

Julia* fait partie des nombreuses patientes qui accusent le médecin gynécologue Phuoc-Vinh Tran de viols et d’agressions sexuelles. Treize ans après les faits, elle souhaite prendre la parole pour dénoncer les dégâts que causent les lenteurs de la justice.
Par Hugo Boursier
Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »
Entretien 25 novembre 2025

Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »

Après son expulsion forcée en Italie, elle dénonce dans Politis les moyens de contrôle, de surveillance et de répression déployés par l’État contre les personnes migrantes et les militants.
Par Pauline Migevant