Renaud Garcia-Fons : Émotion capitale

Renaud Garcia-Fons projette sur Paris une musique délicieuse.

Lorraine Soliman  • 8 février 2017 abonné·es
Renaud Garcia-Fons : Émotion capitale
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La discographie déambulatoire du contrebassiste franco-espagnol Renaud Garcia-Fons n’avait encore jamais fait d’escale longue à Paris, pourtant sa ville d’origine. C’est avec la délicatesse amoureuse et la puissance compositionnelle qu’on lui connaît qu’il s’empare du sujet, ce lieu commun de tant d’artistes et de cultures. Entouré de son précieux complice l’accordéoniste David Venitucci (grand prix Gus Viseur, compagnon de route d’Allain Leprest, Francis Lemarque, Sylvain Beuf, Norma Winstone…) et de Stéphan Caracci aux vibraphone et percussions, Garcia-Fons revisite sa Ville Lumière avec une tendresse évidente.

C’est son Paris, ville-monde et jardin secret, qu’il révèle au grand jour de son esprit flâneur. La contrebasse à cinq cordes donne à entendre la plénitude de cette relation placée sous le signe de l’amour universel. Avec un lyrisme aérien, une souplesse rythmique, un sens affiné des camaïeux acoustiques, force poésie et un brin d’espièglerie, ce fils de « peintre de sentiments », comme Pierre Garcia-Fons aimait à se décrire, raconte « Les rues vagabondes » et le désir de métro avec la franchise inébranlable et heureuse de l’enfance. « Montmartre en courant » et « Le long de la Seine » soulignent les étonnants contrastes rythmiques de la grande ville. Même lorsque l’humide grisaille parigote est évoquée, c’est pour mieux la dépasser et retrouver les saveurs méditerranéennes qui illuminent toute la musique de Renaud Garcia-Fons.

En intitulant son disque La Vie devant soi, le contrebassiste ne fait pas que rendre hommage à Gary/Ajar, il transpose les émotions qu’on l’imagine avoir ressenties à la lecture de ce roman aux mille vertus et projette son œuvre au-delà du temps présent.

La Vie devant soi, Renaud Garcia-Fons, e-motive records/L’Autre Distribution.

Musique
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