Jean-Luc Mélenchon, pivot de la recomposition de la gauche

Si Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont qualifiés pour le second tour, c’est à gauche que le plus grand bouleversement est prévisible, avec le très bon score du leader de la France insoumise.

Denis Sieffert  • 23 avril 2017
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Jean-Luc Mélenchon, pivot de la recomposition de la gauche
© photo : bertrand GUAY / AFP

Le succès au premier tour d’Emmanuel Macron n’est pas une surprise. Mais c’est tout de même un grand paradoxe de voir l’héritier politique de François Hollande, l’homme de la loi El Khomri et de l’uberisation de la société se retrouver en pole position avant le second tour. C’est le succès de la continuité, et même de l’aggravation d’un quinquennat quasi unanimement considéré comme un terrible échec. Curieusement, c’est Benoît Hamon qui aura payé le plus lourdement la note du bilan de François Hollande.

La deuxième leçon de ce scrutin, c’est la présence de Marine Le Pen, qui a une lourde et inquiétante signification malgré une campagne médiocre. L’autre enseignement, c’est l’échec cinglant de François Fillon, qui augure d’une crise profonde de la droite.

Enfin, et surtout, c’est à gauche que le plus grand bouleversement est prévisible. Quoi qu’il advienne, le très bon score, en particulier dans les couches populaires, de Jean-Luc Mélenchon fait de lui le pivot d’une recomposition qui est désormais engagée. Le leader de la France insoumise échoue tout près de la qualification après une campagne qui, de l’avis de tous, aura été la meilleure. Les législatives seront l’un des moments importants de cette recomposition qui soldera sans doute la fin du parti socialiste né à Epinay en 1971.

C’est, globalement, un paysage nouveau qui se dessine. Le paradoxe étant que le seul candidat qui incarne une forme de continuité néolibérale apparaît comme le favori du second tour. Car, il n’y a pas eu beaucoup à attendre, après 20 heures, pour voir se constituer un front anti-FN quasi unanime, de François Fillon à Bernard Cazeneuve, en passant par Benoît Hamon et Cécile Duflot. Le dilemme est évident. Faire barrage au FN, ce sera entretenir les conditions qui depuis tant d’années favorisent la montée du parti d’extrême droite, et pourtant le « ni ni » semble inconcevable.

À noter enfin que le retour de dernière minute de la thématique du terrorisme, et son exploitation éhontée par Marine Le Pen et François Fillon, n’auront finalement pas pesé sur cette fin de campagne.

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