Macron : l’impossible clarification

Il a beau répéter « Je serai très clair », rien n’y fait : les positions du candidat d’En marche ! ont été aussi floues que d’habitude, jeudi dans « L’Émission politique ».

Nadia Sweeny  • 7 avril 2017
Partager :
Macron : l’impossible clarification
© photo : ERIC FEFERBERG / AFP

Si l’on veut bien se placer du point de vue de la forme, Emmanuel Macron a sans aucun doute réussi son « grand oral », jeudi soir sur France 2.

Mais, conséquence de sa politique « attrape tout », le candidat n’arrive pas à se rendre clair. Il ne veut pas que son mouvement En marche ! soit une « grande lessiveuse », mais il plaide « en même temps » pour une « union large face au Front national ».

« Je ne gouvernerai pas avec ceux qui ont gouverné », dit-il ; « mais en même temps », il ne s’interdit pas de faire appel à d’anciens ministres. « Une règle mais des exceptions », selon sa formule, qui résume bien le flou qui entoure les positions de l’ancien ministre de l’Économie. Faute de clarification, le candidat d’En marche ! a multiplié les « je serai très clair », et les coups de menton.

Un néolibéral dans la continuité de François Hollande

Tout au long de l’émission, il a travaillé ce que les politologues appellent sa « présidentialité ». Maîtrisant parfaitement ses dossiers, il s’est montré particulièrement à l’aise, notamment sur les questions économiques – version libérale –, principal sujet de l’émission.

Sur le fond, il est apparu pour ce qu’il est : un néolibéral qui s’inscrit dans la continuité de François Hollande, tout en voulant aller plus loin dans le sens d’une « uberisation » de la société.

C’est peut-être face à Sayah Baaroun, syndicaliste des VTC/Uber qu’il a le mieux révélé son identité politique : travailler à tout prix et à n’importe quel prix pour « rentrer en dignité », selon son expression.

Face à François Ruffin, le réalisateur de Merci patron !, invité surprise, Emmanuel Macron s’est défendu de céder aux pressions des lobbyistes : « Je ne suis pas pour favoriser le CAC 40, mais [« en même temps », serait-on tenté d’ajouter] je ne suis pas non plus pour lui taper dessus, car il crée des emplois. »

Pour le reste, il a été « très clair » au moins sur deux sujets : il fera évacuer la ZAD pour imposer la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais il fera fermer la centrale de Fessenheim. Sans toutefois que l’on sache trop quand…

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Budget : le cadeau d’un milliard d’euros du gouvernement au patronat
Budget 4 novembre 2025 abonné·es

Budget : le cadeau d’un milliard d’euros du gouvernement au patronat

En proposant, une nouvelle fois, de fixer à 1,6 milliard d’euros le transfert de la branche accident du travail/maladie professionnelle (AT-MP) à la branche générale de la Sécu, le gouvernement offre un discret mais très coûteux cadeau au patronat… au détriment de la collectivité.
Par Pierre Jequier-Zalc
« Ce n’est pas le ‘grand soir’, mais nous voulons changer la vie des gens »
Entretien 4 novembre 2025 abonné·es

« Ce n’est pas le ‘grand soir’, mais nous voulons changer la vie des gens »

La députée Sandrine Runel défend la ligne des socialistes sur le budget de la Sécu, affirme vouloir continuer de négocier avec le gouvernement et attaque les « postures » des insoumis.
Par Lucas Sarafian
Sécurité sociale : le musée des horreurs du gouvernement
Austérité 4 novembre 2025

Sécurité sociale : le musée des horreurs du gouvernement

Si le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été rejeté en commission des Affaires sociales, les débats en séance pourraient ressusciter certaines mesures éruptives. Attention, la troisième va vous surprendre !
Par Lucas Sarafian
Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »
Entretien 30 octobre 2025

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »

Maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et coresponsable du département d’économie de l’Institut La Boétie, Éric Berr pointe la nécessité de la taxe Zucman et les limites de la version allégée par le Parti socialiste.
Par Lucas Sarafian