Donald Trump se pose en victime

Le président américain crie à la « chasse aux sorcières » au lendemain de la nomination d’un procureur spécial dans l’enquête sur ses liens avec la Russie.

Donia Ismail  • 19 mai 2017
Partager :
Donald Trump se pose en victime
© photo : Brendan Smialowski / AFP

Des tweets matinaux. Voilà la réponse de Donald Trump face à la nomination d’un procureur spécial indépendant de la Maison Blanche dans l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle. Après avoir utilisé un moyen plus traditionnel pour un président – un communiqué de presse –, Donald Trump revient à ses vieilles habitudes. Il a utilisé une nouvelle fois Twitter pour montrer son mécontentement.

« C’est la plus grande chasse aux sorcières visant un politicien de l’histoire américaine ! » a-t-il tweeté. Par ailleurs, il mentionne une nouvelle fois des « actes illégaux » dans la campagne de Hillary Clinton et l’administration de Barack Obama en s’indignant qu’aucun procureur n’ait été désigné à l’époque.

Le numéro deux du ministère de la Justice, Rod Rosenstein, a annoncé la nomination de l’ex-chef du FBI, Robert Mueller, au poste de procureur spécial. Cette nomination vise à isoler les investigations du pouvoir politique, lui octroyant des pouvoirs élargis. À 72 ans, l’ancien patron du FBI sous les présidents George Bush et Barack Obama est très respecté à Washington. Réputé pour son indépendance et sa résistance face aux pressions, ce choix contente à la fois les Républicains et les Démocrates.

L’impeachment en vue ?

C’est deux dernières semaines ont été difficiles pour le locataire de la Maison Blanche. Il a multiplié les scandales. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase au point que le mot d’« impeachment » soit évoqué. Des élus démocrates, en premier le représentant du Texas Al Green, ont en effet appelé au lancement de cette procédure de destitution contre le milliardaire. Une minorité de Républicains a soutenu cet appel, à la suite du représentant du Michigan Justin Amash. Il a déclaré que si les dires sont vérifiés, la destitution sera obligatoire. La probabilité d’impeachment se rapprocherait donc.

Mais, tout n’est pas aussi simple. Si les accusations à son encontre peuvent permettre le déclenchement d’une procédure, plusieurs conditions ne sont pas réunies. Malgré l’appui de certains Démocrates, cette procédure d’impeachment est prise avec des pincettes par la cheffe du groupe démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi : « Je ne soutiens pas cela. Sans dossier, on ne ferait que participer aux rumeurs. » Sans une union de tous les Démocrates, la destitution paraît compliquée face à un bloc républicain qui souhaite soutenir son poulain coûte que coûte, au moins jusqu’aux mid-term elections (élections de mi-mandat, qui auront lieu en novembre 2018).

Donald Trump a certes du souci à se faire, mais l’impeachment du président américain n’est pas pour maintenant. Sauf si Donald Trump commet d’autres fautes. Ce qui n’est jamais exclu…

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier