34 degrés dans la classe… On fait quoi ?

Enseignant en maternelle à Champigny-sur-Marne et membre de Sud éducation mobilisé contre les fermetures de classes dans le Val-de-Marne, Éric Charles lance une alerte canicule dans les écoles.

Éric Charles  • 21 juin 2017
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34 degrés dans la classe… On fait quoi ?
© photo : MYCHELE DANIAU / AFP

Mercredi 21 juin, école maternelle Maurice-Denis à Champigny-sur-Marne, 8 heures du matin.

Il fait 34 degrés dans les classes… Et alors ?

Depuis plusieurs jours, les collègues, appuyés fortement par les parents qui font circuler une pétition, demandent à la mairie des ventilateurs. Réponse : pas de budget, c’est à l’école de payer les ventilos (authentique !). Devra-t-on aussi payer le fioul cet hiver ?

Ce matin, l’équipe enseignante trouve que ce n’est pas possible de travailler dans de telles conditions. La directrice appelle l’inspection, qui lui interdit de dire aux familles de garder leur enfant. Nous décidons d’accueillir les parents pour proposer à celles et ceux qui le peuvent de garder leur enfant.

Nous savons qu’il est impossible de faire classe sous une telle chaleur. Beaucoup de parents ont même proposé spontanément de garder leur enfant, celles et ceux qui ne peuvent pas perdre une journée de travail nous le laissent, connaissant les conditions déplorables de cet accueil.

280 gamins dans deux salles de classe ?

Des parents d’élèves se mobilisent, appellent la mairie, l’inspection de circonscription, pour tenter d’obtenir des réponses à leurs questions : que peut-on faire dans de telles conditions ? Est-ce que nos enfants vont devoir subir cette vague de chaleur sans que ne soit mis en place le fameux plan canicule (financé par nos sous via la fameuse journée de solidarité !). Réponse de l’inspection : le plan canicule existe : il faut mettre les enfants dans les endroits frais de l’école. Mais il n’y en a quasiment pas ! Allons-nous entasser 280 gamins dans deux salles de classe ? Là, ce ne sera pas 34 degrés…

Mais il ne faut surtout pas que cette fronde s’ébruite : une maman d’élève propose de faire constater par huissier la température intérieure. Réponse de l’inspection : c’est un non catégorique. Nous n’avons pas connaissance du texte de loi sur lequel se base ce refus. Réponse de la mairie : non itou. Ben non, il ne faut pas que la réalité sorte…

Demain, 22 juin, la chaleur prévue est encore plus importante. Doublée d’un pic de pollution. La préfecture demande que les activités extérieures soient interdites dans l’après-midi… Il reste le choix aux enseignant-es et aux enfants : soit étouffer dans des classes surchauffées, soit s’empoisonner dehors ! Plouf-plouf…

Mais chut… Surtout, pas un mot, tout va bien dans nos écoles. Quoi, la canicule est presque partout en France ? Il y aurait donc d’autres écoles concernées ? Mais oui, suis-je bête ! Le collège du quartier de l’école Maurice-Denis a libéré les jeunes hier après-midi, au motif qu’il faisait trop chaud dans les classes ! Mais bon, c’est au moins à 300 mètres…

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Tribunes

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