Chœur fragile

Une adaptation fidèle des Oiseaux d’Aristophane sous l’œil esthétique, mais n’évitant pas la banalité, de Laurent Pelly.

Gilles Costaz  • 7 juin 2017 abonné·es
Chœur fragile
© photo : POLO GARAT

Monter Les Oiseaux d’Aristophane n’est pas une affaire simple. La pièce est très liée à l’actualité et aux croyances du Ve siècle avant Jésus-Christ. Jean-Louis Barrault et Alfredo Arias y ont laissé quelques plumes lorsqu’ils s’en sont emparés. Laurent Pelly, qui a choisi ce texte pour son dernier grand spectacle au Théâtre national de Toulouse (il cédera la place en janvier à Galin Stoev) et pour une tournée s’achevant cette semaine à Marseille, s’en tire avec les honneurs mais ce n’est pas, et de loin, sa meilleure mise en scène.

Œuvre sur l’impossible utopie, la démagogie et l’art de la combine, Les Oiseaux content l’entreprise de deux Athéniens qui vont s’installer dans les cieux pour échapper au monde corrompu des humains. Mais, entre les volatiles égoïstes, les visiteurs et les dieux furieux de la concurrence, il s’avère impossible de construire un éventuel paradis.

Face à Aristophane, ou bien l’on réécrit tout, comme l’a fait en grand poète impudent Serge Valletti (auteur de onze adaptations sous le titre global de Toutaristophane), ou on respecte le cadre antique. Agathe Mélinand a adopté ce second parti pour établir un texte qui conserve l’organisation du texte original en y intégrant quelques jolis clins d’œil modernes (les migrants, le tiers payant de la Sécurité sociale). Les répliques coulent bien, mais il manque un nœud, un enjeu central dont les Grecs n’avaient pas besoin puisqu’on leur parlait de choses alors évidentes.

En short ou en robe légère, casqués de coiffes diverses, masqués avec des regards perçants et de grands becs, les acteurs (principalement Eddy Letexier, Georges Bigot, Alexandra Castellon et Emmanuel Daumas) jouent des personnages qui sont à la fois d’hier et d’aujourd’hui. C’est adroit, mais leurs déplacements entre deux tumulus – décor et costumes sont également de Laurent Pelly – créent une succession de gestes assez identiques, bien qu’on admire la prouesse athlétique.

Adaptatrice et metteur en scène n’ont, semble-t-il, pas assez réfléchi sur le principe du chœur antique, toujours percutant dans le domaine de la tragédie mais d’une logique moins évidente pour la comédie. La parole se banalise sous l’élégance des estampes.

Les Oiseaux Théâtre du Gymnase, Marseille, 08 2013 2013. Jusqu’au 17 juin. Texte français d’Agathe Mélinand aux Solitaires intempestifs.

Théâtre
Temps de lecture : 2 minutes