Désarmement nucléaire : L’adieu à la bombe ?

132 pays préparent le premier traité interdisant l’arme nucléaire dans le monde. Un « non-sujet » en France, où le dogme de la dissuasion reste inaltérable.

Patrick Piro  • 14 juin 2017
Partager :
Désarmement nucléaire : L’adieu à la bombe ?
© photo : Anadolu Agency/AFP

La bombe atomique ? Un « non-sujet » en France, à l’instar du nucléaire civil jusqu’à la catastrophe de Fukushima. Le consensus droite-gauche de 1978 sur le dogme de la dissuasion reste inaltérable. On ne s’étonnera donc pas du mépris français face à l’actuelle offensive internationale visant à bannir la seule des trois armes de destruction massive (avec le chimique et le biologique) encore non interdite.

Assoupi par ce silence, on se représente volontiers le combat actuel des anti-bombes comme une mobilisation nostalgique des années 1980, quand les arsenaux des grandes puissances recelaient assez d’ogives pour vitrifier plusieurs fois la planète. Or, voilà que des observateurs alertent. Frictions régionales, terrorisme, cyberattaques, accidents… Le risque de conflagration n’a jamais été aussi important.

Et 132 pays, presque tous du Sud, coalisés autour d’une initiative née en 2010, ont pris le taureau par les cornes pour contourner le club des huit (ou neuf) pays dotés de la bombe, qui s’évertuent à ralentir tout processus de désarmement, accrochés à une position géopolitique héritée de l’après-guerre. Ces révoltés ouvrent le 15 juin la session conclusive d’une conférence de l’ONU pour livrer, dans trois semaines, le premier traité interdisant l’arme nucléaire dans le monde. Une « bombe », dont on guettera l’onde de choc du côté du président Macron, qui se targue d’une vision moderne du monde.

À lire dans ce dossier :

• Désarmement nucléaire : Une chance historique

• Paul Quilès : « La bombe reste un dogme religieux en France »

Traité de désarmement nucléaire : Un puissant bout de papier

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« La Syrie sous Assad était un régime du silence »
Entretien 8 décembre 2025 abonné·es

« La Syrie sous Assad était un régime du silence »

Un an jour pour jour après la chute du régime de Bachar Al-Assad, Arthur Sarradin, journaliste et écrivain, revient sur les traumatismes d’une Syrie effondrée après quatorze années de guerre civile.
Par William Jean
En Syrie, le récit des survivantes de l’enfer carcéral
Syrie 8 décembre 2025 abonné·es

En Syrie, le récit des survivantes de l’enfer carcéral

Il y a tout juste un an, le régime Assad tombait. Pour faire plier ses opposants, il avait eu recours à l’emprisonnement des femmes. Comme les hommes, elles ont été torturées, affamées et pour beaucoup violées. Elles sont aujourd’hui largement invisibilisées et très souvent rejetées parce que considérées comme salies.
Par Bushra Alzoubi et Céline Martelet
« Les États-Unis veulent détruire et vassaliser l’Europe »
La Midinale 8 décembre 2025

« Les États-Unis veulent détruire et vassaliser l’Europe »

Richard Werly, correspondant en France du journal suisse Blick et auteur de Cette Amérique qui nous déteste aux éditions Nevatica, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »
Entretien 1 décembre 2025 abonné·es

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »

Alors que l’AfD vient de refonder son organisation de jeunesse à Gießen, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bloqué la ville pour tenter d’empêcher la tenue du rassemblement. Pour la germaniste et historienne Valérie Dubslaff, cette séquence s’inscrit dans la continuité des grandes mobilisations de 2024.
Par Maxime Sirvins