Pas d’émeutes pour l’hommage à Clément Méric

Samedi 3 juin a lieu à Paris une manifestation commémorant le meurtre du jeune militant antifasciste en 2013. Dans un texte public, les organisateurs appellent à ne pas donner à la police de prétexte à la répression.

Vincent Richard  • 1 juin 2017
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Pas d’émeutes pour l’hommage à Clément Méric
photo : Manifestation d'hommage à Clément Méric à Paris, le 6 juin 2015.
© CITIZENSIDE / YANN KORBI / Citizenside

Comme chaque année depuis quatre ans, le pavé parisien accueillera samedi 3 juin une marche d’hommage à Clément Méric, jeune militant antifasciste tué par des skinheads le 5 juin 2013 à Paris.

L’année dernière, la manifestation n’avait pas pu aller à son terme en raison d’échauffourées entre une partie des manifestants et la police, cette dernière profitant des bris de vitrines et du retournement d’une voiture pour bloquer, gazer et nasser plusieurs centaines de participants.

En conséquence, cette année, le Comité pour Clément, collectif créé après sa mort pour organiser la campagne politique en sa mémoire, a décidé cette année de diffuser un texte appelant à ne pas reproduire le même scénario cette année :

Manifester, c’est refuser de laisser la rue à l’extrême droite, faire entendre l’actualité de nos combats, nous rassembler pour les faire avancer. Et nous voulons nous rassembler avec toutes celles et tous ceux qui les mènent ou se sentent concerné-e-s. Mais cela n’est pas possible lorsque des personnes prennent la tête de la manifestation avec des banderoles renforcées, sans mention ni de Clément, ni d’aucun crime fasciste ou raciste et s’en prennent ensuite à du mobilier urbain fasciste. Car faire cela, quelles que soient les justifications politiques derrière, c’est inévitablement déclencher une réaction policière qui met en danger jusqu’à l’existence de la manifestation.

Le texte, signé par des camarades et amis, ainsi que par les parents de Clément Méric, appelle à ne pas instituer un « happening émeutier annuel » et à respecter la « diversité des pratiques et des tactiques », c’est-à-dire à ne pas faire de cette manifestation un terrain d’affrontement avec les forces de l’ordre, quelles que soient les options de lutte choisies dans d’autres circonstances. Il n’y a donc pas de condamnation en général des pratiques observées dans le « cortège de tête », mais avant tout l’observation que cette manifestation-là ne s’y prête pas.

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Ces précautions prises, l’événement organisé le 3 juin place de la République veut aller au-delà de la commémoration et être l’occasion d’une mobilisation _« contre tous les racismes et l’extrême droite », avec un premier moment de débats (entre autres : « Féministe Marine Le Pen ? », « Comment lutter syndicalement contre l’extrême-droite ? » ou encore « Construire une solidarité de quartier avec les migrants ») avant la manifestation, dont le départ est prévu à 17 heures.

Des marches auront lieu le même jour à Toulouse et Nice. À l’heure où les groupes d’extrême droite se font de plus en plus violents, de Marseille à Lille et de Nantes à Lyon, en passant par Paris, une telle mobilisation ne peut qu’être saluée.

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