« Y a rien qui sente bon comme ce truc-là »

Macron, aka Le Fléau Du Carbone, est surtout le gars qui a théorisé de remplacer nos trains par des cars.

Sébastien Fontenelle  • 7 juin 2017 abonné·es
« Y a rien qui sente bon comme ce truc-là »
© photo : LIONEL BONAVENTURE / AFP

Après que Donald Trump, président récemment élu des États-Unis d’Amérique, a retiré son pays de l’Accord de Paris sur le climat – lequel prévoit, rappelons, que les mêmes belles et grandes âmes qui ont inventé le napalm vont désormais se dédier à l’assainissement de notre atmosphère –, Emmanuel Macron, président plus récemment élu encore (et furiously polyglotte) de la France, a tweeté, in english : « To all scientists, engineers, entrepreneurs, responsible citizens who were disappointed by the decision of the US : come here with us to work together on concrete solutions for our climate, our environment. » Car : « We all share the same responsibility : make our planet great again. » (Je te traduis ça vite fait, pour le cas où t’aurais bêtement fait allemand première langue : « Toi, toi et toi, là, avec ton diplôme d’ingénieur [mais pas toi, Boubacar, s’il te plaît, toi, si t’essaies de te faufiler, tu vas très vite te retrouver dans un camp de rétention, pour qui tu m’as pris, bordel] : viens chez moi, on réduira nos émissions de CO2. » Car : « Nous devons faire notre petite planète grande encore. »)

Immédiatement, la presse hexagonale (où la servilité s’hisse ces temps-ci, t’auras noté, vers des altitudes everestiques) en a tiré la conclusion – je ne m’en remets pas – qu’Emmanuel Macron était le nouveau « leader du monde libre », aka [1] Le Fléau Du Carbone, aka Le Sauveur De Planètes, aka Tu Vois, Petit-e, Si Tu Peux Enfin Aller Ce Matin À L’École (Privatisée) Sans Ton Masque À Gaz, C’est Parce Qu’En 2017 Monsieur Macron A Bouté Les Pollueurs Avec La Même Mâ-â-â-âle Force Qu’Il Avait Avant Mise À Écraser Dans Sa Grande Main Les Doigts De Trump-La-Petite-Coiffeuse.

Et certes, dans la vraie vie, M. Macron est surtout le gars qui, lorsqu’il était ministre de l’Économie, a théorisé qu’il convenait de remplacer nos trains par des autocars : tu sens ça ? Est-ce que tu sens ? Le gaz d’échappement, fils. Y a rien qui sente bon comme ce truc-là. J’aime l’odeur du gaz d’échappement au petit matin [2].

Dans la vraie vie, M. Macron est surtout le gars qui, dans la même époque, a autorisé l’ouverture, en Bretagne, d’une mine d’or dont l’exploitation va bousiller son environnement.

Dans la vraie vie, M. Macron est surtout le gars dont l’élan, après son élection à la chefferie de l’État français, a été de s’entourer de collaborateurs venus des industries nucléaire et pétrolière.

Car, dans la vraie vie, où, comme le dit fort bien cette formule dont la simplicité ravit, « la première catastrophe écologique est le capitalisme », M. Macron est précisément, et non moins (du tout) que M. Trump, un capitaliste (très) conséquent. Ou, pour le dire un peu autrement : l’un de ces Terriens raffinés pour lesquels, dans la toute fin des fins, la perspective d’un profit justifiera toujours le moyen du rétrécissement d’une planète.

[1] Also known as (« également connu comme »: je précise pour les deux inconscient-e-s qui ont carrément pris le tagalog comme première langue).

[2] Pour une citation plus exhaustive : revoir Apocalypse Now.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

Temps de lecture : 3 minutes