Le réchauffement fait flamber les forêts du Sud de la France

Des milliers d’hectares forestiers ont déjà brûlé en France. Mais aussi au Portugal et dans le reste de l’Europe; des dizaines de milliers d’hectares ont disparu aux États-Unis, en Sibérie, au Canada… Toujours des régions asséchées en raison du changement climatique.

Claude-Marie Vadrot  • 24 juillet 2017
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Le réchauffement fait flamber les forêts du Sud de la France
photo : Incendie en Corse le 24 juillet.
© PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Depuis un bon mois les incendies forestiers se succèdent en France et partout sur la planète. Ce qui semble apparaître comme une accumulation de feux accidentels est en général la conséquence des modifications climatiques qui touchent de nombreux pays industrialisés comme les pays du Sud où les incendies sont moins médiatisés. Les sécheresses, les vents inattendus et changeants, les orages, les sols anormalement secs en profondeur, les arbres en stress hydrique, tout cela contribue à la catastrophe actuelle.

Dégâts sur les écosystèmes

Il est facile d’accuser les mégots mal éteints, les sempiternels tessons de bouteille ou les barbecues sauvages alors que nul ne peut véritablement, en France et ailleurs, expliquer rationnellement pourquoi les forêts s’enflamment et brûlent, sinon par le réchauffement climatique. C’est bien ce dernier qui est responsable des milliers d’hectares brûlés depuis le mois de juin dans le sud de la France – dont 6 000 en moins de 24 heures depuis lundi [1] –, mais aussi des dizaines de milliers d’hectares au Portugal où les incendies ont repris, des dizaines de milliers de kilomètres carrés aux États-Unis et en Sibérie… Le bilan s’alourdit tous les jours, comme dans le Vaucluse où un feu puissant a déjà dévoré près d’un millier d’hectares sans que les six Canadair, les hélicoptères et les centaines de pompiers présents au sol puissent ralentir la progression de l’incendie. Les autorités se consolent facilement en expliquant que cette zone du parc régional du Luberon, est pratiquement inhabitée. Ce qui n’est pas le cas dans l’incendie du Var où une centaine de maisons étaient considérées comme menacées lundi soir. Les autorités et les élus raisonnent comme si les dégâts écologiques étaient sans importance. Alors que, partout où la forêt brûle, les conséquences sur la faune et sur la flore sont immenses.

Loin des incendies français limités grâce aux pompiers, les 2 millions d’hectares brûlés en 2016 en Sibérie rappellent à quel point cette immense région, où la température moyenne a augmenté de 4 degrés en moins de dix ans, est en train de disparaître par le feu. Comme le montre celui qui achève de dévaster 50 000 hectares le long du lac Baïkal, tandis qu’une vingtaine d’autres incendies impossibles à combattre sévissent dans la région depuis une quinzaine de jours, sous le regard impuissant de pompiers dont les moyens sont dérisoires. Cela n’est pas le cas de ceux qui combattent la quarantaine de feux qui parcourent l’Ouest des États-Unis, mais dont les efforts restent impuissants. Au Canada, malgré les avions et les spécialistes, les autorités ont dû procéder à l’évacuation de 10 000 personnes devant le danger de 230 incendies qui s’attaquent à la forêt.

Pas de défrichage autour des maisons

Autre responsable, notamment en Europe et aux États-Unis : la multiplication anarchique de constructions dans des zones sensibles et l’absence de défrichage autour des maisons compliquent le travail des pompiersAu cours des incendies précédents, dans l’arrière-pays niçois ou dans les Pyrénées, dans ceux de lundi, les images des catastrophes en cours ont montré à quel point des villas, souvent neuves, étaient imbriquées dans la végétation. Des images et surtout des témoignages attestent d’une part que les permis de construire sont accordés n’importe comment et, d’autre part, que les propriétaires ne respectent pas la loi qui prévoit l’obligation de défricher complètement dans un rayon de 50 mètres autour d’une construction. Piscine comprise…

Partout, y compris en Amérique latine et en Asie des milliers de feux hors de contrôle détruisent les forêts, attisés par des conditions climatiques extrêmes. Paradoxe inquiétant : chacun de ces feux contribue à charger l’atmosphère en gaz à effet de serre et donc à accroitre le réchauffement climatique…

[1] Vaucluse, Var, Alpes-Maritimes, Corse, Bouches-du-Rhône…

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