Politis soutient Scop-Ti

Deux ans après la relance de leur activité, les Scop-Ti n’ont pas encore atteint l’équilibre financier. Ils ont donc lancé le 13 juillet une campagne de « sociofinancement ». Politis s’engage à leurs côtés en proposant à ses nouveaux abonnés une sélection de produits de la cooopérative.

Politis  • 18 septembre 2017
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Politis soutient Scop-Ti
© photo : CITIZENSIDE/FREDERIC SEGURAN/AFP

L’histoire de la coopérative ouvrière Scop-Ti a commencé dans la douleur. Le 28 septembre 2010, le géant mondial de l’alimentaire Unilever décide de fermer l’usine Fralib et de délocaliser la production de thés de la marque L’Éléphant vers la Pologne et la Belgique. Déjà, les 182 ouvriers de l’usine installée à Geménos (Bouches-du-Rhône) avaient vu leurs conditions de travail se dégrader depuis le rachat en 1975 de cette entreprise séculaire par le groupe anglo-­néerlandais. Et les produits naturels avaient progressivement été remplacés par des composants chimiques.

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Promis à une fermeture de l’usine, les ouvriers mènent une bataille judiciaire adossée à la mobilisation de toute une région. En pleine campagne pour la présidentielle 2012, les « Fralib » deviennent le symbole des licenciements boursiers. En face, Unilever se retrouve forcé de faire des concessions pour se sortir du bourbier dans lequel il s’est engagé, avec ses méthodes brutales et des plans sociaux indéfendables, annulés trois fois par la justice.

En mai 2014, les ouvriers signent un accord de fin de conflit avec la multinationale. Celui-ci prévoit la cession des machines pour un euro symbolique à la communauté urbaine de Marseille et le versement de 2,85 millions d’euros aux ex-salariés. Une histoire inédite commence alors pour 58 d’entre eux. Autour de la section syndicale CGT, qui nourrit un projet de reprise de l’activité en coopérative, une nouvelle gamme de thés et d’infusions aux essences naturelles est remise en production en septembre 2015. La marque « 1336 », en référence aux nombres de jours qu’aura duré la lutte, vise les grandes surfaces. Une gamme bio, « Scop-Ti », est distribuée en circuits courts et dans les magasins spécialisés.

Deux ans après la relance de leur activité, les Scop-Ti n’ont pas encore atteint l’équilibre financier. La capacité de production gigantesque de leur usine – de quoi produire 70 % de la consommation française ! – et le nombre de coopérateurs salariés réembauchés (41 aujourd’hui) les obligent à voir les choses en grand. Ils sont engagés dans une course aux débouchés, avec pour objectif de faire référencer leur marque par la grande distribution et d’obtenir des appels d’offres pour produire les « marques distributeurs » des enseignes Super U, Intermarché, Leclerc et Carrefour.

Scop-Ti a lancé le 13 juillet une campagne de « sociofinancement ». Elle a besoin d’un supplément de solidarité pour réussir une reconversion coopérative et responsable dans le cadre ultra-concurrentiel de la grande distribution. En se fixant un défi de qualité pour ses produits, d’équité dans la distribution des profits futurs et de reconquête du sens donné au travail. Et demain, si possible, accompagner le redressement de la production provençale de tilleul et autres plantes aromatiques en culture bio. Des défis colossaux, symboliques d’une transition qui se montre chaque jour plus prégnante.

Politis s’engage aux côtés de Scop-Ti et propose à ses nouveaux abonnés une sélection « découverte » issue de l’agriculture biologique, présentée dans un coffret « 1336 » (voir ici). Nous invitons nos lecteurs à soutenir la coopérative dans la pérennisation de son modèle social et économique. Mobilisez-vous pour Scop-Ti, abonnez-vous à Politis.

À lire aussi >> Notre dossier « Usines récupérées : les succès d’un contre-modèle »

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