Trump fragilisé, mais pas K.-O.

Malgré de vives dissensions au sein du Parti républicain après ses déclarations sur le drame de Charlottesville, Donald Trump conserve des soutiens.

Alexis Buisson  • 6 septembre 2017 abonné·es
Trump fragilisé, mais pas K.-O.
© photo : Alberto Pezzali / NurPhoto / AFP

Le mois d’août a été particulièrement agité pour le Président et ses conseillers. Après les heurts de Charlottesville, le premier a tout d’abord déclaré que la violence provenait de « plusieurs côtés », comme pour trouver des excuses aux militants d’extrême droite qui ont attaqué des contre-manifestants et tué une personne. Quelques jours plus tard, répondant à des questions depuis la tour Trump Tower à New York, il a justifié une nouvelle fois les actions des groupes suprémacistes et néonazis rassemblés à -Charlottesville, devant des journalistes médusés et des conseillers pris de court.

Même au sein d’une Maison Blanche habituée aux polémiques, Charlottesville a eu l’effet d’une bombe. Plusieurs patrons de grandes entreprises ont décidé de claquer la porte des conseils consultatifs montés par le Président après son élection – ce qui a valu à certains d’entre eux d’être copieusement insultés par ce dernier sur Twitter. Pour le Parti républicain, Charlottesville vient s’ajouter à une longue liste de désaccords avec le locataire de la Maison Blanche, de l’abrogation de la réforme de l’Obamacare à la gestion du dossier russe. De nombreux élus et anciens candidats à la présidentielle ont directement critiqué Trump pour ses prises de position, à l’image de John McCain, qui l’a exhorté à reconnaître qu’il « n’y a pas d’équivalence morale » entre des « racistes et des Américains qui se mobilisent contre la haine et la bigoterie ».

Malgré tout, certains ténors du parti ne sont pas allés jusqu’à attaquer nommément le Président, à l’instar du chef de la Chambre des représentants, Paul Ryan, sans doute pour éviter de s’attirer les foudres de Trump et de ses fidèles supporters. En effet, malgré une popularité très basse au sein de la population générale (autour de 36 % selon les sondages – le plus bas niveau pour un président américain à ce stade de son mandat) et des chiffres en baisse chez les Républicains, Trump conserve un soutien important au sein de sa base dans les États électoraux clés. Par ailleurs, beaucoup de parlementaires ont besoin de lui pour faire passer des réformes, notamment dans les domaines de la santé, de l’immigration et de la fiscalité. Combien de temps ce mariage de raison durera-t-il ? Il faudra peut-être attendre une éventuelle débâcle aux élections de mi-mandat en 2018 pour voir les Républicains prendre leur courage à deux mains.

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