Menaces sur le logement social
La baisse des APL fragilise les bailleurs sociaux et les contraint à renoncer à des constructions et des réhabilitations. Leur finalité sociale est attaquée au profit d’une marchandisation du secteur.
dans l’hebdo N° 1475 Acheter ce numéro

Entre le gouvernement et les acteurs du logement social, une rude bataille est engagée. Il y a d’abord eu, au début de l’été, l’annonce d’une baisse indistincte de l’aide personnalisé au logement (APL) de 5 euros par mois, à compter du 1er octobre, pour 6,5 millions de locataires parmi les plus modestes. « Une connerie sans nom », aurait lancé Emmanuel Macron devant les chefs de sa majorité. Un coup d’essai plutôt, comme l’a confirmé le projet de loi de finances pour 2018. La « connerie », qui avait été perçue comme la première mesure anti-pauvres du quinquennat, y est reconduite à l’article 52. Elle ne devait pourtant, à lire des gazettes en cour, n’être appliquée que trois mois, le temps de combler un trou laissé par le gouvernement précédent…
Pérennisée en 2018, elle générera pour l’État une économie de 400 millions d’euros, soit le montant de la ristourne accordée aux 1 000 plus gros contributeurs de l’impôt sur la fortune (ISF). Pire encore : le même article prévoit de réduire de 60 euros en moyenne l’APL des locataires du parc social qui est versée chaque mois aux bailleurs sociaux. Obligeant ces derniers à baisser d’autant le montant de leurs loyers. Une ponction de 1,7 milliard qui fragilise dangereusement les HLM.
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L’annonce de cette mesure, fin septembre, à la veille du congrès de l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui rassemble les 730 organismes HLM du pays, a suscité un tollé des acteurs du logement social. Le ministre en charge de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, et son secrétaire d’État plus spécifiquement en charge du logement, Julien Denormandie, y