Violences faites aux femmes : Des annonces, mais quels moyens ?

Si les mesures annoncées par Emmanuel Macron ont été saluées, elles ont aussi été jugées peu réalistes.

Malika Butzbach  • 29 novembre 2017 abonné·es
Violences faites aux femmes : Des annonces, mais quels moyens ?
© ALAIN JOCARD /AFP

Il était attendu au tournant. Vingt-quatre heures avant qu’Emmanuel Macron annonce ses mesures en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, les militantes et associations féministes l’avaient interpellé sous le slogan #Soyez­AuRDV. Ce 25 novembre, Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le Président a misé sur le solennel. La cérémonie a commencé par une minute de silence en mémoire des 126 femmes tuées par leur conjoint (ancien ou actuel) en 2016, avant que le chef de l’État détaille ses trois priorités pour le quinquennat. Reprenant le vocabulaire des associations féministes, il a privilégié « l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité », « un meilleur accompagnement des victimes » et « le renforcement de l’arsenal répressif ».

Certaines propositions répondent aux revendications des militantes, notamment la fixation à 15 ans de l’âge minimal de consentement à un acte sexuel, ou encore la formation des fonctionnaires afin de les sensibiliser au sexisme.

Si les mesures annoncées ont été saluées, elles ont aussi été jugées peu réalistes, car les moyens nécessaires à leur mise en œuvre restent flous. Alors qu’Emmanuel Macron se vante de porter le budget du secrétariat d’État chargé de ­l’Égalité femmes-hommes à son plus haut niveau, 30 millions d’euros, la militante Caroline De Haas rappelle que ce même budget s’élevait à 29,81 millions l’année dernière ! En bref : il atteint le même niveau qu’en 2016, cette augmentation venant juste pallier la diminution de ses moyens en 2017.

Autre élément de communication mis en avant : l’augmentation du budget interministériel, qui passe de 397 millions d’euros à 420 millions (dont 15 % concernent la lutte effective contre les violences faites aux femmes). Une hausse insuffisante pour financer les mesures annoncées par le Président, estiment les associations. Et qui paraît d’autant plus ridicule face aux efforts de ­l’Espagne (1 milliard d’euros sur cinq ans) ou du Canada (700 000 euros consacrés aux seules associations).

Laure Salmona, co-initiatrice de #SoyezAuRDV, a dénoncé sur France Info le manque de moyens, estimant que ces annonces « font reposer la responsabilité sur la société civile, sur les associations de lutte contre les violences faites aux femmes, qui sont exténuées et n’ont pas assez de subventions pour fonctionner correctement ». Pour les associations, la réponse est nette : le Président n’était pas au rendez-vous.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Ces personnalités de gauche qui obsèdent l’extrême droite
Portraits 29 octobre 2025 abonné·es

Ces personnalités de gauche qui obsèdent l’extrême droite

Rokhaya Diallo, Rima Hassan, Sandrine Rousseau, Adèle Haenel, Judith Godrèche et Éric Fassin : des noms systématiquement visés par le camp réactionnaire à la moindre prise de position ou de parole. Portraits.
Par Lucas Sarafian, Salomé Dionisi et Hugo Boursier
À la prison de la Santé, plus d’un millier de détenus dans l’ombre d’un seul, Sarkozy
Reportage 28 octobre 2025

À la prison de la Santé, plus d’un millier de détenus dans l’ombre d’un seul, Sarkozy

Le lundi 27 octobre 2025, les députés insoumis Ugo Bernalicis et Danièle Obono ont pu visiter la prison de la Santé pour échanger avec des détenus sur leur quotidien. Ces derniers racontent des cellules bondées, loin de la médiatisation autour de l’ex-chef de l’État.
Par Maxime Sirvins
Entassés dans des containers, 50 détenus de Kanaky gagnent au tribunal
Décryptage 28 octobre 2025 abonné·es

Entassés dans des containers, 50 détenus de Kanaky gagnent au tribunal

Une semaine après l’entrée à la prison de la Santé de Nicolas Sarkozy, une autre réalité carcérale a surgi, ce mardi 28 octobre. Saisi en urgence par 50 détenus du principal centre pénitentiaire en Kanaky/Nouvelle-Calédonie, le tribunal administratif a reconnu des conditions de détention indignes.
Par Hugo Boursier
Christian Tein : « Je pensais que l’époque des bagnards était révolue »
Entretien 28 octobre 2025 abonné·es

Christian Tein : « Je pensais que l’époque des bagnards était révolue »

Après un an de détention en métropole, le leader indépendantiste kanak revient sur sa situation et celle de la Kanaky/Nouvelle-Calédonie. Il dénonce l’accord de Bougival de l’été dernier et appelle à un accord qui termine le processus de décolonisation du territoire ultramarin.
Par Tristan Dereuddre