Emmanuel Finkiel : « Je voulais faire entendre la musique de Duras »
Emmanuel Finkiel expose ici comment il a adapté ce texte immense qu’est La Douleur et explique ses choix de mise en scène.
dans l’hebdo N° 1486 Acheter ce numéro

Depuis le splendide Voyages (1999), son premier long métrage, Emmanuel Finkiel trace un parcours de cinéaste à la fois singulier et cohérent, qui met en résonance le passé et le présent. Le voici aujourd’hui à la rencontre de Marguerite Duras, avec La Douleur.
L’éditeur de La Douleur est mort brutalement il y a quelques jours. Que vous inspire le nom de Paul Otchakovsky-Laurens [1] ?
Emmanuel Finkiel : Quand il était président de la commission de l’avance sur recettes, au Centre national du cinéma, Paul Otchakovsky-Laurens, a contribué à ce que j’obtienne l’avance pour mon film précédent, Je ne suis pas un salaud. Il n’était pas évident d’emblée que l’écriture de ce film, qui n’a pas toujours été bien reçu, ne lui semble pas indigeste. Mais la malédiction du personnage, qui nous renvoie une image inconfortable de nous-mêmes, l’a intéressé.
Plus généralement, on mesure ce que cet éditeur a permis de faire lire aux gens. Il y avait chez lui une indépendance et un raffinement de point de vue exceptionnels. J’aurais aimé qu’il voie mon adaptation de La Douleur.
On ne peut lire La Douleur sans penser à L’Espèce humaine, le livre que Robert Antelme, l’époux de Marguerite Duras, a écrit sur son expérience des camps, et qu’elle évoque d’ailleurs rapidement. Voyez-vous un lien entre ces deux immenses textes ?
En travaillant sur le texte de La Douleur, j’ai acquis la conviction que Marguerite Duras a cherché à fournir une sorte de contrechamp à L’Espèce humaine, un contrechamp sur ceux qui ne sont pas allés dans les camps mais qui attendaient. Comme si elle avait voulu, elle aussi, imprimer sa marque, en tant qu’écrivain, sur cette époque et ces événements.
Outre qu’il peut être impressionnant par l’importance qu’il a prise, ce texte, a priori, ne recèle pas une dramaturgie forte, puisqu’il s’agit d’une attente en quasi-huis clos. Dès lors, comment le film vous est-il apparu au début ?
En réalité, Marguerite Duras a
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