Le Parlement européen coule la pêche électrique

Les eurodéputés ont décidé de dire non à la généralisation de la pêche électrique dans les eaux européennes.

Politis.fr  et  AFP  • 16 janvier 2018
Partager :
Le Parlement européen coule la pêche électrique
L'eurodéputé belge Philippe Lamberts brandit une pancarte contre la pêche électrique le 16 janvier au Parlement européen.
© FREDERICK FLORIN / AFP

Le Parlement européen n’a pas succombé au chant des sirènes des lobbies de la pêche industrielle : il s’est prononcé par 402 voix contre 232 pour l’interdiction de la pêche électrique en Europe. « C’est une très belle victoire contre une pêche terriblement néfaste, une véritable arme de prédation massive », s’est réjoui l’eurodéputé Yannick Jadot, qui fait partie des élus à la pointe de la contestation.

Cette technique de pêche, jugée destructrice pour les fonds marins, autorisée à titre expérimental en mer du Nord, consiste à envoyer des impulsions électriques pour étourdir les poissons et les capturer vivants au fond des mers. Si elle évite de remuer les fonds marins, elle perturbe les écosystèmes et ne fait aucune différence entre les espèces de poissons.

« La présence des pêcheurs a fait une immense différence. Leur urgence est palpable, leurs chiffres sont alarmants : ils sont réellement en grande difficulté, les députés ont compris le problème systémique qu’ils allaient créer » complétait Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom, l’une des ONG mobilisées depuis des années contre cette pratique. Leur pétition a récolté plus de 100 000 signatures.

S’ils ont remporté une première bataille, les opposants à la pêche électrique restent conscients que la guerre n’est pas encore gagnée. Le Parlement doit maintenant entrer en négociation avec le Conseil (les États membres) et la Commission pour trouver un compromis final. Ce débat concentre à lui seul les aberrations des pratiques européennes : interdite en 1998 en Europe, la pêche électrique est revenue dans la légalité en 2006, à titre expérimental, notamment sous la pression des pêcheurs néerlandais.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

D’eau et de colère
Portfolio 24 juillet 2024 abonné·es

D’eau et de colère

Les 19 et 20 juillet, les militants des Soulèvements de la Terre ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire sur les mégabassines. Reportage photo.
Par Maxime Sirvins
Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition
Portrait 24 juillet 2024 abonné·es

Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition

Sur le plus long fleuve de France, ils ne sont plus qu’une soixantaine à exercer leur métier. Une activité qui fait figure d’artisanat en comparaison de la pêche en mer. Rencontre avec un passionné attentif à son environnement.
Par Mathilde Doiezie
De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan
Reportage 22 juillet 2024

De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan

Au cours d’une semaine de mobilisation contre les mégabassines, des milliers manifestants se sont rassemblés dans les Deux-Sèvres à l’appel des Soulèvements de la terre et de Bassines Non Merci. Les 19 et 20 juillet, les militants ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire. Récit et photos.
Par Maxime Sirvins
Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines
Reportage 15 juillet 2024 abonné·es

Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines

L’établissement des Deux-Sèvres voit mûrir au sein de son BTS gestion et protection de la nature une nouvelle génération d’activistes contre l’accaparement de l’eau. Ses élèves aux parcours sinueux trouvent dans ce terroir et son activité militante le déclic d’un engagement durable.
Par Sylvain Lapoix