Dix ans après, le Kosovo en quête d’avenir

La situation du petit État à majorité albanaise, dernier né des nations européennes, reste un concentré des problèmes non résolus de cette « poudrière des Balkans ».

Patrick Piro  • 21 février 2018
Partager :
Dix ans après, le Kosovo en quête d’avenir
© photo : Vente de bonnets naux couleurs kosovares net albanaises lors des festivités marquant le dixième anniversaire de l’indépendance du Kosovo.Alexey Vitvitsky/Sputnik/AFP

On s’habitue facilement aux silences trompeurs qui suivent la fin de certaines hostilités. À s’arrêter sur l’anniversaire des dix ans d’existence du Kosovo, dernière née des nations européennes, on aurait voulu constater que les choses rentraient peu ou prou dans l’ordre dans la région, après les terribles éruptions consécutives à l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Hélas, on en est encore loin. Et la situation du petit État à majorité albanaise reste un concentré des problèmes non résolus de cette « poudrière des Balkans », appellation toujours pas remisée.

Jeune Kosovo, par sa démographie aussi, fragile, traversé de tensions, pétri de contradictions, cible de convoitises. Comme chez plusieurs de ses voisins, la mosaïque des populations entretient des conflits « imbriqués », casse-tête parce que les puissances tutélaires régionales – Serbie, Croatie, Albanie – et internationales – Union européenne (UE) principalement – s’évertuent à forcer des solutions qui ont montré leur inadéquation. D’un côté, la vieille recette de l’État-nation centralisateur, en permanence tenté d’imposer aux minorités la loi de la population majoritaire (et qui a justifié les nettoyages ethniques pendant les guerres de l’ex-Yougoslavie) ; de l’autre, la recette pseudo-moderne du libéralisme économique poussée par l’UE, le FMI et la Banque mondiale, ravageuse des protections sociales dont bénéficiaient ces populations. La jeunesse, en particulier, connaît de très forts taux de chômage et rêve « d’Europe ». Laquelle, en retour, ne rêve pas de cette jeunesse habitée par des démons sécuritaires qui lui commandent le repli. Avoir 20 ans au Kosovo en 2018, ce n’est pas avoir l’avenir devant soi.

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre
Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains

En fin de processus d’extraction, les orpailleurs illégaux utilisent de grandes quantités de mercure pour séparer la terre de l’or. Hautement toxique, ce métal lourd contamine non seulement l’environnement mais aussi les peuples du fleuve Maroni.
Par Tristan Dereuddre
« On ne pourra pas vaincre l’orpaillage illégal seulement par la répression »
Entretien 26 novembre 2025 abonné·es

« On ne pourra pas vaincre l’orpaillage illégal seulement par la répression »

Joël Sollier, procureur général de la République en Guyane, décrit l’organisation des réseaux d’orpaillage illégal sur le Haut-Maroni et les moyens à déployer pour une lutte efficace.
Par Tristan Dereuddre
Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan
Portrait 24 novembre 2025 abonné·es

Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan

Enfant d’El-Fasher, ville du Soudan aujourd’hui ravagée par les massacres, le trentenaire vit à distance la perte de son frère, le drame de sa famille et de son peuple. Depuis la France, il s’efforce de faire entendre une tragédie ignorée.
Par Kamélia Ouaïssa