Gilles Kneusé, le théâtre au scalpel
Ce chirurgien devenu acteur publie Par cœur, un récit personnel autour de Minetti, une pièce de Thomas Bernhard dans laquelle il a joué. Une remarquable réflexion sur le monde de la scène.
dans l’hebdo N° 1492 Acheter ce numéro

Je n’ai pas toujours pratiqué la médecine, cette merde. » Cinglante, la formule est de Céline, dans le prologue de Mort à crédit. Ce n’est pas tant un dégoût qui s’exprime chez le narrateur à ce moment-là qu’une défaite intime face à la fin de sa vieille bignolle, sa concierge, que lui, médecin, n’a pas réussi à sauver, écœuré alors par sa lutte âpre avec la Faucheuse. Pour Gilles Kneusé, d’abord chirurgien, puis généraliste, avant de tourner la page pour la scène, « cela reste un beau métier, mais aussi un geste difficile au quotidien, entre la chair et le couteau. On est tous les jours avec son bistouri pour éventrer. Et quand on est médecin, on le reste toujours plus ou moins, même si l’on exerce un autre métier. C’est peut-être particulier à la profession. » De fait, « la médecine est une amie fidèle et coriace », écrit-il, dans son premier récit, publié aujourd’hui, Par cœur.
Un récit articulé autour d’un soir de 2009, lors de la première de Minetti, de Thomas Bernhard, dans laquelle le metteur en scène, André Engel, lui avait donné un rôle. La pièce, rédigée en 1977, est un hommage à Bernhard Minetti, le seul comédien, selon le dramaturge autrichien, apte à jouer son théâtre. Sur scène, un vieil acteur qui prétend avoir rendez-vous avec un directeur de salle pour jouer le Roi Lear, rôle qu’il répète à l’envi et à part soi depuis trente ans. On y retrouve tout le comique atrabilaire de Bernhard, son goût pour l’exagération, ses principes à l’emporte-pièce, son regard aiguisé, acerbe, son pessimisme rehaussé de touches de désespoir. C’est un soir de Saint-Sylvestre dans un vieil hôtel d’Ostende où vont seulement
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