La guerre du rail aura bien lieu
Le gouvernement a choisi la méthode forte sur le dossier ultra-sensible de la réforme ferroviaire, symbolique de sa « révolution » libérale, réussissant à unir contre elle tous les syndicats.
dans l’hebdo N° 1492 Acheter ce numéro
Consternation à la CFDT-cheminots, qui se sent « humiliée » par les propos du Premier ministre ; branle-bas de combat jusque dans les rangs de l’Unsa ; « alerte sociale » et appel à la grève reconductible : le gouvernement a fait une entrée fracassante dans le dossier explosif de la SNCF, lundi 26 février.
Sur le fond, Édouard Philippe reprend les principales lignes du rapport Spinetta, qui a électrisé le débat depuis deux semaines : la fin du statut de cheminot et la transformation de la SNCF en société anonyme. La réforme ne touchera officiellement ni aux petites lignes de proximité ni aux retraites des cheminots, et n’ouvrira pas le capital de la SNCF au privé, assure l’exécutif. Mais le but est bien d’aligner son modèle social sur celui des entreprises privées, avec qui elle entrera en concurrence entre 2020 et 2022, sur injonction de la Commission européenne.
Mais c’est davantage sur la forme qu’Édouard Philippe a semé la consternation. Le Premier ministre reprend la méthode employée pour la refonte du code du travail. Une loi d’habilitation à réformer par ordonnances sera présentée dès la mi-mars au Parlement, tandis que s’ouvrira un cycle de concertation qui doit occuper les syndicats « pendant toute la durée du processus législatif ». Il innove encore dans l’art de passer en force, en planifiant un remplacement progressif des articles de la loi d’habilitation par des mesures issues de négociations, si celles-ci avancent suffisamment vite à