Neil Young, jamais vaincu

Les chansons de l’album The Visitor restent engagées et en prise avec le monde.

Jacques Vincent  • 7 février 2018 abonné·es
Neil Young, jamais vaincu
© photo : AFP/DRAXLER HANNES

Entre des pans d’archives et les nouveaux enregistrements, le rythme de sortie des albums de Neil Young est tellement soutenu depuis quelques années que l’on finit par avoir du mal à suivre. On ne va pas pour autant s’en plaindre. Surtout tant qu’ils auront la qualité et la pertinence de The Visitor, paru en décembre, trois mois après Hitchhicker, issu des limbes des années 1970 et chroniqué dans ces pages.

Si l’on parle de pertinence, c’est que, comme toujours chez Neil Young, le propos est en phase avec la réalité du monde d’aujourd’hui, et des États-Unis en particulier. Un an après l’élection de Donald Trump, c’est évidemment de cette Amérique-là qu’il s’agit. Trump avec lequel il avait déjà eu un différend au cours de la campagne électorale, l’improbable candidat ayant manifesté son intention d’utiliser le « Rockin’ in The Free World » du Canadien. Fin de non-recevoir, comme on peut s’en douter, résumé ainsi lors d’un concert : « Va te faire foutre, Donald Trump. »

Le premier morceau de The Visitor vise aussi le Président, en réponse à son fameux slogan « Make America great again » (« Rendre à l’Amérique sa grandeur »). « Already Great » : elle est déjà grande, répond Neil Young dans cette chanson qui se termine par ces mots : « Pas de guerre/Pas de haine/Pas d’USA fascistes. » Les mots sont forts et sonnent comme une revendication dans une manifestation, d’autant que la forme chorale renforce l’impression de multitude.

De même qu’est retourné à Trump un autre slogan de campagne resté fameux, dirigé contre son adversaire, Hillary Clinton : « Lock Her up » (« Enfermez-la »). « Enfermez-le », chante Neil Young dans When bad got good. « Aucune confiance dans le menteur en chef », ajoute-t-il.

Des réponses de ce genre, on pourrait en trouver d’autres, mais il faut surtout insister sur une autre récurrence de ce disque, qui lance en plusieurs endroits un appel à se lever et à résister. « Stand up » (« Levez-vous ») est une expression qui revient à plusieurs reprises et rappelle la responsabilité de chacun. Se lever pour la Terre (« Que notre planète vive longtemps/Ensemble nous pouvons gagner/Tant que vous et moi/Nous tenons debout ») et, plus largement, pour ses convictions (« Levez-vous pour ce en quoi vous croyez/Résistez aux pouvoirs en place »). On entend parfois de la colère, parfois de l’inquiétude. Surtout l’urgence et jamais de résignation.

The Visitor, Neil Young, WEA.

Musique
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