Forum social mondial : L’heure des femmes

Le FSM de Salvador a été fortement marqué par l’assassinat d’une élue noire à Rio. Un crime emblématique alors que les luttes se conjuguent plus que jamais au féminin.

Patrick Piro  • 21 mars 2018 abonné·es
Forum social mondial : L’heure des femmes
Marche spontanée d’hommage à Marielle Franco, « exécutée » le 14 mars.
© Patrick Piro

C’est un défilé sonore et coloré, redoublant d’invectives contre les oppresseurs – gouvernements autoritaires, néolibéralisme cannibale, Trump, Erdogan, patriarcat, etc. –, où la peau cuivrée des Indiens pataxó et tupinamba réchauffe le maquillage blafard d’un groupe d’artistes de radio. En danses et en slogans, une grappe virevoltante d’étudiants fait tout pour se faire entendre dans le cortège de la marche d’ouverture du 13e forum social mondial (FSM), organisé du 13 au 17 mars à Salvador (Brésil).

Liz, étudiante dans l’État du Sergipe, décrit une « extermination » en cours dans les quartiers « périphériques » du Brésil. « Être jeune et noir, c’est le profil le plus à risque aujourd’hui dans le pays. » Et « plus encore si vous êtes une femme », précisait un peu plus tôt Milena Nascimento, de l’Institut Awure – en connaissance de cause, elle aussi –, lors de la conférence de presse d’ouverture.

Dès le lendemain, la solennité de ces affirmations prend violemment corps au sein du campus de l’université fédérale de Bahia Ondina, où se tiennent les débats : Marielle Franco vient d’être assassinée de cinq balles à l’arrière de sa voiture. _« Exécutée ! », assènent immédiatement les femmes qui se succèdent au micro, entre rage, stupeur et douleur. Les hommes s’associent à leur indignation, mais se tiennent en retrait par une sorte de pudeur, tant il apparaît clair à tous que, s’il s’agit bien d’un crime « raciste, contre une favelada » (les habitantes des favelas), c’est aussi un « féminicide », comme le clame une jeune fille sur un carton griffonné à la hâte.

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« Hier, je me suis levée, j’ai accompli la routine du quotidien, j’ai parlé de la violence faite aux femmes noires. Et puis je suis morte. Assassinée avec Marielle », signent une dizaine d’organisations amazoniennes engagées dans la cause des femmes noires. Et la symbolique se décuple, « car elle était une femme noire-mère-lesbienne-activiste et bien plus encore ». Marielle Franco, 38 ans, brillante conseillère municipale PSOL (gauche) de Rio, figure montante de la scène politique, dénonçait les exactions policières dans les favelas, alors que la police

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Écologie
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