Notre-Dame-des-Landes : C’est maintenant que tout commence !
Élevage, artisanat, sauvegarde des espaces naturels… mais aussi une autre façon de vivre ensemble. Sur la ZAD, la résistance a fait émerger un véritable laboratoire écologique et social.
dans l’hebdo N° 1496 Acheter ce numéro

La ZAD : dans l’image fabriquée au cours des ans par les pro-aéroport, le nom cingle comme une enclave de guérilleros. On y déambule pourtant dans une quiétude toute campagnarde, le long de prairies humides parsemées de hameaux, autour de bâtiments expropriés, fermes ou habitations, et des nouvelles « cabanes » en bois, dénomination conservée des cahutes pionnières de bric et de broc. Certaines sont de véritables petites maisons avec étage. Les plus importantes font office de locaux collectifs – cuisine, sanitaires, salles. Semées autour, les chambres privatives, « cabanes » une pièce ou souvent encore des caravanes. Sylvain s’est construit une jolie tourette en bardage : fan de grimpette, il a équipé l’une des parois en mur d’escalade.
Ça scie et ça cloue le long des haies, en ce début mars : autant de projets qui semblent se moquer du couperet d’une expulsion dès le 31 mars. Aux Vraies Rouges, sourire entendu d’une jeune femme qui s’active autour d’une épave automobile. « Ça fait des années qu’on vit avec cette menace. S’il fallait s’arrêter de vivre… » Des 200 à 300 habitants dispersés sur quelque 80 lieux, certains depuis plus de cinq ans, très peu ont plié bagage après l’abandon de l’aéroport. « Nous comptons bien défendre notre droit à vivre ici », explique-t-elle.
Ferme de Bellevue. Élevage, fromage, pain, construction en bois, c’est l’un des lieux emblématiques de la très active fourmilière de la ZAD. Amalia [1] est un peu pressée, elle restera deux heures. Une pelote de laine : on tire un fil, tout le reste vient. Sur la ZAD, chaque initiative se présente comme articulée aux précédentes, le tout dessinant l’architecture d’une « commune », au sens politique du terme.
Amalia se reconnaît boulangère, « sixième génération dans la transmission » depuis l’enseignement d’un paysan boulanger, au début. La ZAD est fière d’être autonome en pain. Une partie de la farine est moulue à Saint-Jean-du-Tertre,