Paris : la lutte contre la réforme du supérieur s’amplifie

Une centaine d’enseignants et personnels administratifs de l’université Paris I, réunis ce matin en assemblée générale, se sont prononcés pour une grève à compter du vendredi 6 avril, en soutien à la mobilisation étudiante.

Alexandra Scappaticci  • 5 avril 2018
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Paris : la lutte contre la réforme du supérieur s’amplifie
Photo : Amphi N, Tolbiac, cœur de la mobilisation étudiante.
© Alexandra Scappaticci

L’assemblée générale des personnels administratifs et enseignants de Paris I a réuni ce matin une centaine de personnes sur le site de Tolbiac, à l’appel de plusieurs syndicats : le Snesup (Syndicat national de l’enseignement supérieur), le Snasub (Syndicat National de l’Administration Scolaire Universitaire et des Bibliothèques), la CGT et Sud.

À la tribune, notamment, Marie Cottrel, professeur émérite. Pour les personnels présents, l’objectif est d’obtenir la retrait de la loi ORE et de Parcoursup, mais aussi de soutenir les étudiants, qui ont permis à la lutte de décoller : « Ils se battent pour préserver le seul endroit où l’enseignement est libre et gratuit. Aujourd’hui de nombreux membres du personnel ont compris que cette loi sert uniquement à éviter de mettre les moyens financiers dans les universités. Nous devons nous battre à leurs côtés ! », lance un membre du personnel, sous les applaudissements.

Dans le viseur également : la prochaine refonte de la licence. Dans l’assemblée, le constat est unanime, le problème fondamental, ce sont les moyens alloués à l’université. Le budget est en effet en baisse continuelle depuis plusieurs années, alors même que l’augmentation du nombre d’étudiants était démographiquement prévisible.

Les propos d’Édouard Philippe, qui assurait le matin même, au micro de France Inter, que « les examens auront évidemment lieu », ont du mal à passer.

La motion adoptée aujourd’hui par l’assemblée, y apporte une réponse claire : « En réponse aux propos du Premier ministre Édouard Philippe tenus ce matin, nous rappelons que la tenue des partiels n’est pas garantie : elle est conditionnée au retrait de la loi ORE et du dispositif Parcoursup. C’est donc le gouvernement qui en porte la responsabilité. »

Autre constat, le manque d’efficacité des grandes manifestations, et la force des blocages étudiants. Un étudiant mobilisé, la mine fatiguée, s’adresse à l’assemblée : « Nous on prend des risques, on attend que vous nous souteniez vraiment ! » Son vœu est exaucé, la grève des enseignants et personnels administratifs est votée à l’unanimité. Il va maintenant falloir faire grossir la mobilisation d’ici la prochaine assemblée générale, fixée au lundi 9 avril, qui devra se prononcer sur la reconduction de la grève jusqu’au retrait de la loi.

Les enseignants présents ont aussi lancé des pistes de réflexion pour continuer à dispenser le savoir, mission première de l’université, comme la mise en ligne de leurs cours et la participation accrue au programme « Tolbiac, université ouverte » par des conférences et des débats.

Lire ici la totalité de la motion adoptée :

© Politis
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