Planète poubelle

Avec Plastic partout !, diffusé ce soir sur Arte, à 20h50, Albert Knechtel et Nanje Teuscher signent une enquête édifiante sur la pollution du globe par les déchets plastiques.

Jean-Claude Renard  • 3 avril 2018
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Planète poubelle
© photo : CHARLY TRIBALLEAU / AFP

N ous sommes en train de plastiquer notre planète », déplore une chercheuse. Si ce n’est déjà fait. « Nous avons produit de telles quantités de plastique que nous pourrions en faire une feuille de cellophane dans laquelle on envelopperait une fois et demi la terre », surenchérit un autre chercheur. Qu’on en juge : en 1950, on produisait 2 millions de tonnes de matières plastiques dans le monde, par an. En 2015, on a produit 380 millions.

Léger, polyvalent, et surtout bon marché, le plastique est omniprésent dans notre vie quotidienne. Le transistor en bakélite, la voiture pour enfants, le Tupperware, dans les emballages de notre alimentation, dans les logements, les automobiles, l’électronique, les tablettes. « Les stades ne pourraient plus être construits dans leur forme actuelle sans recours au plastique », observe un expert. C’est un champ d’application effrayant. De la médecine au sport, le plastique a connu un boum dès le milieu du XXe siècle. Il demeure le plus important matériau du XXe siècle, et le plus problématique du XXIe, selon les organisations environnementales. Parce qu’on ne sait quoi en faire quand il devient déchet.

La solution : en produire moins, en consommer moins. C’est là qu’intervient la responsabilité du consommateur et des industriels. Or on recycle trop peu, privilégie encore l’usage unique au détriment de l’usage multiple, et la consigne reste coûteuse. Sur l’ensemble des déchets plastiques, 9 % seulement sont recyclés, 12 % sont brûlés et 79 % sont entreposés dans des décharges ou déversés dans la nature (8 millions de tonnes en mer ; d’ici quelques années, assurent les chercheurs, les poissons mangeront autant de plancton que de plastique. Dans l’Atlantique, 95 % des fulmars ont du plastique dans l’estomac, soit trente morceaux par animal !).

Au reste, c’est en Chine que se trouve la déchetterie de l’Europe (près de 90 %), au mépris des normes environnementales et des problèmes de santé publique, mais dans l’intérêt du « made in China ». Au moins jusqu’à la fin de l’année, précisent les réalisateurs allemands de ce documentaire édifiant, Plastic partout !, ponctué d’images fortes, voire spectaculaires. Jusqu’à la fin de l’année, parce que Pékin a décidé de mettre fin à ce commerce. Quelle sera alors la destination des déchets européens (et même américains) ? Une partie sera recyclée, une autre partira en déchetterie, le reste se retrouvera dans les pays autour de la Chine…

Ultimes notes optimistes dans ce documentaire fouillé : la collecte organisée, comme c’est le cas en Haïti, pour lui donner une valeur, en faire une monnaie d’échange ; et le choix du consommateur en supermarché ou avec sa culture du « tout à emporter ». À titre d’exemple, les Américains consomment 500 millions de paille en plastique pour boire dans un gobelet vite jeté… par jour.

Plastic partout ! ce mardi 3 avril, sur Arte, à 20h50 (1h30) ; et sur Arte+7, jusqu’au 10 avril.

Cinéma
Temps de lecture : 3 minutes
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